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Enseignement privé

Ecole Stanislas : la mairie de Paris veut son «déconventionnement» sauf «mise en conformité»

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La Ville de Paris a annoncé ce vendredi 9 février qu’elle avait demandé à l’Etat de déconventionner l’établissement privé, dans la tourmente depuis la publication d’un rapport accablant, sauf si l’école se met en conformité avec les lois relatives à la lutte contre les discriminations.
La grille du collège Stanislas, à Paris, le 15 janvier 2024. (Antoine Mermet/Hans Lucas.AFP)
publié le 9 février 2024 à 13h32

Les 28 petits jours d’Amélie Oudéa-Castéra à l’Education nationale ont provoqué leur lot de polémiques. Dont certaines ne sont toujours pas étouffées par son départ de la rue de Grenelle. Ce vendredi 9 février, la mairie de Paris a demandé à l’Etat le «déconventionnement» de l’école privée Stanislas, structure au cœur de la tourmente, à moins que l’établissement catholique «ne se mette en conformité avec les recommandations» d’un rapport officiel faisant état de «dérives».

Dans un texte adopté ce vendredi 9 février, l’assemblée municipale parisienne à majorité de gauche «demande au ministère de l’Education nationale le déconventionnement de l’établissement privé Stanislas, à moins que l’établissement ne se mette en conformité avec les recommandations formulées dans le rapport de l’Inspection générale, et avec les lois relatives à la lutte contre les discriminations, dont le sexisme et l’homophobie».

Enquête sur les établissements privés sous contrat

Dans ce texte symbolique initié par les communistes et amendé par l’exécutif, la mairie demande que Stanislas «respecte la liberté de conscience» des élèves. Le Conseil de Paris exhorte aussi le rectorat à mener «une enquête exhaustive auprès des établissements d’enseignement privé sous contrat, afin de vérifier la conformité de leurs pratiques avec le Code de l’Education et le respect des valeurs républicaines».

Après la publication par Mediapart d’un rapport de l’Education nationale révélant «des dérives dans l’application du contrat d’association» avec l’Etat au sein de Stanislas, comme l’obligation de suivre des cours de catéchisme, la Ville de Paris, à la fois commune et département, avait annoncé suspendre provisoirement son financement. Pour l’année scolaire 2022-2023, celui-ci s’élevait à un total de 1,3 million d’euros cumulant les sections maternelle (115 élèves), élémentaire (368) et collège (1 329) de cet établissement situé dans le très cossu VIe arrondissement.

Une décision «purement illégale» car «ces subventions sont tout simplement obligatoires», a dénoncé l’élue d’opposition de droite Inès de Raguenel. «Cet acharnement ne peut dissimuler une forme de détestation à l’égard d’un modèle fondé sur l’excellence», a-t-elle ajouté. «Il n’est écrit nulle part que les collectivités locales doivent être des financeurs aveugles», lui a rétorqué l’adjoint (PS) à l’Education Patrick Bloche, demandant «le respect de la loi par Stanislas […], ni plus ni moins». L’élu communiste Jean-Noël Aqua a dénoncé pour sa part un «rapport accablant».

La position de la mairie, dirigée par la gauche, diffère de celle de la région Ile-de-France dirigée par la droite, dont la présidente Valérie Pécresse a maintenu ses financements obligatoires au lycée Stanislas malgré les «manquements» évoqués dans le rapport.