Une annonce forte. Après la démission du proviseur du lycée Ravel à Paris sur fond de menace de mort, la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, en déplacement à Bordeaux, annonce vouloir déployer «une force mobile scolaire qui sera nationale et qui pourra être projetée dans les établissements qui connaissent des difficultés», rapporte France Info, ce vendredi 29 mars. Cette force de sécurité serait ainsi «destinée à rassurer les enseignants» et à «assurer la sécurité physique» au sein des collèges et lycées, complète Le Parisien.
Contacté par Libération, le ministère a précisé que cette équipe sera «composée d’une vingtaine d’agents volontaires de l’Education nationale» parmi lesquels «des inspecteurs, des chefs d’établissement et des psychologues». Mis en place «à la rentrée 2024», ces groupes seront déployés au sein «d’établissements difficiles en cas de crise aiguë sur tout le territoire et sous 48 heures quand les moyens locaux nécessitent un soutien supplémentaire», a-t-on ajouté. Ils auront «une mission de sécurité à l’intérieur de l’établissement, d’apaisement et de pédagogie à destination tant des élèves, des équipes enseignantes que du personnel de direction». Les établissements scolaires peuvent déjà faire appel à des «équipes mobiles de sécurité», un dispositif créé en 2009 et qui dépend des rectorats.
Le lycée Maurice-Ravel, situé dans l’Est parisien, a pris ces derniers jours une envergure nationale. Le proviseur de la cité scolaire du XXe arrondissement, menacé de mort sur Internet après une altercation avec une élève fin février pour qu’elle enlève son voile, a quitté ses fonctions pour des «raisons de sécurité». Une mise en retrait «intolérable», a dénoncé le principal syndicat des chefs d’établissements.
«L’Etat se portera systématiquement partie civile lorsqu’une plainte sera déposée» a soutenu Nicole Belloubet, selon France Info. La ministre a aussi eu un mot à propos des menaces d’attentat, parfois accompagnées d’images ultraviolentes de décapitation, qui se multiplient contre les établissements scolaires via les plateformes numériques – les environnements numériques de travail (ENT). «Ces choses-là ne sont pas acceptables. L’Etat doit pouvoir demander réparation pour l’école, les écoles subissent des dommages matériels, nous le voyons avec les ENT. Les écoles et leurs enseignants subissent des dommages psychologiques, moraux, qui méritent réparation et c’est ce que nous ferons désormais», poursuit-elle devant un lycée professionnel de Bordeaux dont les personnels ont récemment fait l’objet de «menaces».
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La ministre avait déjà décidé la suspension des ENT, espace qui sert de lien entre enseignants, élèves et parents, jeudi 28 mars au soir. Les autorités doivent encore déterminer le modus operandi des auteurs, probablement français, de ces menaces. Des vols de données et leur diffusion ont très certainement permis ces usurpations. Deux hypothèses dominent à ce stade : d’un côté le recours au «phishing», qui pousse les utilisateurs à divulguer leurs propres informations ; de l’autre des logiciels implantés d’autres logiciels contrefaits – «stealers», dans le jargon – qui permettent de récolter des informations stockées sur un navigateur.
Mise à jour à 14h40 avec les précisions de l’entourage de la ministre.