La polémique sur le futur programme d’éducation à la vie affective et sexuelle s’est poursuivie ce dimanche 1er décembre, avec une passe d’armes par tribunes interposées entre trois ex-ministres macronistes qui demandent à ne «pas céder aux pressions», et 100 sénateurs LR jugeant le projet «inacceptable».
«Le programme que nous avons construit n’a rien d’idéologique : il est pragmatique et concret», affirment, dans La Tribune Dimanche, Nicole Belloubet (Renaissance), ex-ministre de l’Éducation nationale, Aurore Bergé (Ensemble), ex-ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, et Frédéric Valletoux (Horizons), ancien ministre de la Santé.
A la source
«Les opposants à ce programme utilisent des mots comme «théorie du genre» pour semer le doute et la confusion. Cette expression n’est pas inscrite dans le programme !», écrivent-ils. «Nous ne devons pas céder à ces pressions. Oui, l’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité éveille des débats, mais ceux-ci ne doivent pas freiner sa mise en œuvre», poursuivent-ils.
«Aujourd’hui, ce sont les contenus pornographiques qui s’imposent comme le premier vecteur d’éducation sexuelle de nos adolescents», complètent les ex-ministres, qui cosignent ce texte avec Véronique Riotton, présidente de la délégation aux droits des femmes, et Guillaume Gouffier Valente, députés Ensemble.
Des critiques de l’enseignement catholique et d’organisations conservatrices
Dans une tribune au Figaro publiée ce dimanche, 100 sénateurs LR (Les Républicains) emmenés par le président du groupe majoritaire à la Haute assemblée, Mathieu Darnaud, considèrent que ce programme «en l’état est inacceptable», reprenant la formule du ministre délégué (LR) à la Réussite scolaire Alexandre Portier qui mercredi, a suscité la polémique.
«Un ministre ne devrait jamais contribuer à propager de fausses informations. Surtout pas sur un sujet aussi sensible», ont commenté les ex-ministres dans leur tribune. Pour les sénateurs LR, le futur programme est «le fruit d’une coécriture avec des associations dont le zèle militant ne poursuit que le triomphe de leurs thèses» et fait la «part belle à l’idéologie woke».
Interview
Sur fond de grande incertitude autour de l’avenir du gouvernement Barnier menacé de censure et de l’avenir de la coalition entre macronistes et LR, ces sénateurs demandent notamment le «retrait de toutes références à la notion d’«identité de genre»» et demandent à l’Éducation nationale «de rompre avec cette forme de consentement tacite qui règne rue de Grenelle à l’égard de ces thèses».
L’enseignement catholique et l’association des parents d’élèves de l’École libre (APEL) ont exprimé vendredi de «sérieuses réserves» quant à son contenu et demandé qu’il soit «profondément remanié». Le contenu du programme avait été critiqué auparavant par des organisations conservatrices comme le Syndicat de la Famille ou SOS Éducation.
La ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet a soutenu ce programme vendredi, assurant que «la machine est lancée». Le texte doit être présenté le 12 décembre au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), instance consultative, en vue d’une mise en œuvre à la rentrée 2025. La loi depuis 2001 rend obligatoire l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles, mais est, dans les faits, peu respectée.