La ministre de l’Education, Anne Genetet, a annoncé, mardi 12 novembre, le second volet des réformes du collège et du lycée lancées par son prédécesseur Gabriel Attal, en décembre 2023. Parmi ces mesures, il y a l’extension des «groupes de besoins», nouveau nom des groupes de niveau. Déjà effectifs pour les sixièmes et cinquièmes depuis la rentrée, ces groupes en maths et en français qui permettent de regrouper les élèves selon leur niveau, seront étendus à partir de l’an prochain aux quatrième et troisième. Mais pour ces derniers, les heures seront réduites car «les besoins ne sont pas les mêmes», a justifié la ministre. Les élèves en difficulté rejoindront des groupes à effectifs réduits à raison d’une heure par semaine, en alternance entre les cours de maths et de français.
Une «régression historique inacceptable»
Des annonces qui sont reçues avec consternation et colère par les syndicats, qui avaient déjà vivement contesté celles de Gabriel Attal. Pour Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du Snes-FSU, le principal syndicat des collèges et lycées, «c’est une forme d’enracinement du «choc des savoirs» dans le paysage éducatif». Elle regrette une décision «politique, voire politicienne» : «En quatrième et troisième, on a une espèce de recyclage de la mesure des groupes. On a l’impression qu’il fallait qu’il y ait l’étiquette «choc des savoirs» coûte que coûte», a-t-elle ajouté. De son côté, Jean-Rémi Girard du Snalc, syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur, «craint de se retrouver dans une nouvelle mise en œuvre compliquée, alors même qu’on n’a pas du tout fait le bilan de ce qui se passe en sixième et cinquième».
«Quand il y a un acte 1 qui ne marche pas, on évite de faire un acte 2», a quant à elle déploré Elisabeth Allain-Moreno la secrétaire générale du SE-Unsa, faisant part de sa «colère». En effet, à la rentrée 2024, ce dispositif controversé des groupes de besoins s’est soldé par un «échec», selon les chiffres des syndicats : un tiers des collèges seulement a mis en place les «groupes de besoins» en français et en mathématiques en sixième et cinquième, une partie des profs refusant de «trier les élèves». Elisabeth Allain-Moreno a aussi regretté que «les annonces ne montrent absolument pas une remise en question».
Gouvernement démissionnaire
En outre, les syndicats condamnent l’annonce d’un brevet obligatoire pour entrer en seconde en 2027, une mesure que la précédente ministre de l’Education Nicole Belloubet n’avait d’ailleurs pas voulu mettre en place. «Pour la première fois de l’histoire du système éducatif français, donner au brevet un rôle de couperet à ce point bloquant pour l’entrée au lycée, ça ne nous semble pas une bonne politique», a déploré Catherine Nave-Bekhti la secrétaire générale du Sgen-CFDT. Ils étaient plus de 47 000 élèves à ne pas décrocher le brevet en 2024, sur près de 750 000 présents à l’épreuve, la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère. A l’avenir, si les élèves n’obtiennent pas ce sésame, ils pourront entrer en CAP ou en «prépa seconde». Il s’agit d’une passerelle d’un an entre la troisième et la seconde, expérimentée depuis cette rentrée sur base du volontariat dans une centaine de lycées, afin de «consolider les fondamentaux» des élèves, selon l’Education nationale. La deuxième option sera de redoubler. Aux yeux d’Eric Nicolet, secrétaire général du SUI-FSU, syndicat des inspecteurs de l’Education nationale, c’est «une régression historique inacceptable». Pour celui-ci, «il s’agit là d’une mesure de bannissement d’élèves majoritairement issus des familles les plus pauvres de notre pays, qui seront désormais expulsés du système scolaire à 16 ans.»
Autre annonce : au lycée général et technologique, une épreuve anticipée de maths sera instaurée pour le bac à compter de juin 2026 pour tous les élèves de première (qui passeront leur bac en 2027). Une épreuve à l’image de celle de français, que le gouvernement défend au nom de «la culture commune scientifique et mathématique que nous devons transmettre aux jeunes générations au cœur du projet de l’école». Le coefficient et son programme seront définis dans les prochains mois, selon le ministère. Les élèves en spécialité mathématiques expertes auront eux une épreuve adaptée et donc deux notes au bac sur ces matières, celle du tronc commun et celle de leur spécialité.