Comment sauver le «choc des savoirs» lancé en grande pompe par l’ancien ministre Gabriel Attal ? En maintenant des annonces pas bien grandioses qui seront détaillées ce mardi par la ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, au collège Pierre-de-Ronsard à L’Haÿ-les-Roses, dans l’académie de Créteil. Tour d’horizons des principaux changements à venir, avec deux annonces à retenir : des «groupes de besoins» réduits à peau de chagrin en quatrième et troisième et une épreuve anticipée de maths en première.
Fausse généralisation des «groupes de besoins»
Les «groupes de besoins» en maths et français, pour ne plus dire «groupes de niveaux», seront bien renouvelés à la rentrée 2025 en sixième et cinquième. Et cela malgré les difficultés à les mettre en place pour regrouper les collégiens selon leurs compétences dans ces deux matières, en dehors de leur groupe classe. Une évaluation sera conduite tout au long de l’année par l’Inspection générale et la Direction de l’évaluation (Depp) «pour identifier les pratiques les plus efficaces avec de possibles ajustements à la marge mais pas de disparition».
Le ministère l’assure : ces «groupes de besoins» seront étendus en cinquième et en quatrième à la rentrée 2025, histoire de ne pas saborder les annonces tonitruantes du «choc des savoirs» de l’ancien ministre Gabriel Attal. Car le dispositif se heurte à un mur budgétaire et organisationnel. Il est donc en réalité revu à la baisse pour les quatrièmes et troisièmes. Pour ces deux niveaux, les élèves en difficulté rejoindront des groupes à effectifs réduits à raison d’une heure par semaine, en alternance entre les cours de maths et de français et cela sur le volume horaire total global. En quatrième par exemple, un élève en difficulté aura une heure de français en groupe réduit en semaine A et une heure de maths en groupe réduit en semaine B. Chaque établissement décidera de l’organisation des emplois du temps. Les moyens supplémentaires (estimés à un millier de postes) doivent être définis dans le cadre de la discussion budgétaire en cours à l’Assemblée nationale et au Sénat. Les collèges qui ont le plus d’élèves en difficulté devraient bénéficier de moyens supplémentaires.
A côté de ces groupes, le ministère prévoit d’augmenter les heures du dispositif non obligatoire «devoirs faits», qui encadre les élèves en dehors du temps scolaire. Anne Genetet prévoit aussi de doubler les «stages de réussite» organisés pendant les vacances scolaires pour réviser les cours. Les chefs d’établissement pourront enfin proposer aux parents d’élèves en grande difficulté des stages de remédiation pendant les vacances, en débutant l’année scolaire plus tôt notamment.
Epreuves anticipées de maths en première
Au lycée général et technologique, une épreuve anticipée de maths sera instaurée pour le bac à compter de juin 2026 (qui comptera donc pour le bac 2027) pour tous les élèves de première (comme c’est aujourd’hui le cas en français), pour «la culture commune scientifique et mathématique que nous devons transmettre aux jeunes générations au cœur du projet de l’école». Le coefficient de cette épreuve et son programme seront définis dans les prochains mois, selon le ministère. Les élèves en spécialité mathématiques auront eux une épreuve adaptée, différente des autres, et donc deux notes au bac sur ces matières, celle du tronc commun et celle de leur spécialité.
Le brevet réformé
Une nouveauté, les notes de géographie et d’enseignement moral et civique seront présentées séparément «pour favoriser l’EMC», et une mention très bien avec félicitations du jury sera créée pour les élèves qui auront 18 sur 20 de moyenne. Comme prévu, le contrôle continu comptera en 2026 pour 40 % de la note finale et les examens terminaux pour 60 %. Le contrôle continu sera basé sur la moyenne des notes de troisième. L’année suivante, le brevet deviendra obligatoire pour entrer en seconde. Sinon, les élèves devront entrer en CAP ou en «prépa seconde», une passerelle d’un an entre la troisième et la seconde expérimentée depuis cette rentrée sur base du volontariat dans une centaine de lycées, pour «consolider leurs fondamentaux». Le redoublement sera également autorisé.
Plus d’encadrement pour un meilleur climat scolaire
Anne Genetet prévoit de recruter, à partir de janvier 2025, 150 CPE et 600 AED (surveillants) supplémentaires pour renforcer les équipes de vie scolaire des collèges et lycées les plus difficiles. La répartition sera réalisée localement, par les académies.
Labellisation des manuels scolaires
Comme l’avait annoncé Gabriel Attal, l’ensemble du socle commun sera revu. De nouveaux programmes de maths et de français, «fondés sur des repères annuels clairs pour mieux mesurer les progrès des élèves», s’appliqueront dès 2025 de la maternelle à la sixième. Ces derniers ont pour objectif de permettre, en maths par exemple, «d’anticiper dès le CE1 l’apprentissage des fractions et des nombres décimaux pour favoriser l’acquisition des automatismes», selon le ministère. Les programmes de langues vivantes pour la sixième et le lycée entreront aussi en vigueur à la rentrée 2025.
A partir de ces nouveaux programmes, le ministère de l’Education nationale labellisera dès septembre 2025, comme c’était prévu, les manuels de français et de mathématiques de CP et de CE1. Autrement dit, le ministère validera les ouvrages que pourront utiliser les professeurs et ce malgré les protestations des syndicats qui y voient une atteinte à la liberté pédagogique des enseignants. L’Etat aidera par ailleurs les communes à acheter ces manuels labellisés dans les écoles et les collèges classés prioritaires (REP et REP +) mais aussi dans les communes rurales.