Politique frictions
Jusqu’à la veille du premier tour des élections législatives, «Libé» sillonne des lieux de la vie quotidienne pour saisir et raconter ces moments de discussion impromptue où, soudain, la politique fait irruption.
En salle des profs, Mohaz constate «un certain mutisme. On est un petit groupe à être révoltés par ce qui se passe, mais on chuchote, on est discrets, parce qu’on est minoritaires : les autres pensent que ce n’est pas grave, certains votent même RN. Ça fait mal». Cet enseignant de lettres-histoire dans un lycée professionnel d’Ille-et-Vilaine est encore sonné par le score du Rassemblement national aux élections européennes (31,37 %) et la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dans la foulée par Emmanuel Macron. Il le sait, sa profession a apporté sa pierre à cet édifice. Historiquement de gauche, elle a voté pour la première fois majoritairement à droite lors de la dernière présidentielle. Et, alors que 1 % seulement des profs avaient glissé un bulletin pour l’extrême droite en 2007, ils étaient 20 % au premier tour et 25 % au second en 2022, selon une enquête de Luc Roub