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Reportage

Enseignement de l’allemand : en Mayenne, «c’est fatigant de se battre quotidiennement pour faire vivre la langue»

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Soixante et un ans après le traité de l’Elysée scellant l’amitié franco-allemande, l’allemand connaît une crise de l’enseignement et de l’apprentissage en France. Pour redorer l’image de la langue, des professeurs se mobilisent pour en faire la promotion dès le primaire.
Tous les jeudis, comme le 18 janvier à La Bazoge-Montpinçon, Léa Louvrier donne un cours d'initiation à l'allemand dans une école primaire. (Quentin Bonafé-Vernault/Hans Lucas pour Libération)
publié le 22 janvier 2024 à 14h42

Léa Louvrier claque le coffre de sa Toyota grise, et prévient : «Moi, c’est sûr, je suis une passionnée !» Professeure d’allemand, la Normande de 32 ans dézingue tous les clichés qui collent à la langue de Goethe. «Je voulais faire absolument de l’allemand mon métier», insiste l’enseignante qui doit sa passion à une gouvernante qui la berce de «danke» jusqu’à son entrée en primaire. Autour de son cou, un pendentif en forme de cœur rouge, jaune et noir, les couleurs du drapeau allemand. Acheté pendant la Coupe du monde de 2006, à Cologne, le collier made in Germany a fait sensation le jour de l’examen du Capes. «Die Kette ! Das hatte ich noch nie gesehen» («Le collier ! C’est du jamais-vu»), s’extasie un examinateur.

Après l’académie de Caen puis d’Amiens, Léa Louvrier sillonne désormais les routes de Mayenne pour donner ses cours d’allemand. Le mardi au collège d’Evron, le jeudi à Jules-Ferry, à Mayenne. «Je ne sais pas comment on fait sans voiture quand on est prof d’allemand !» glisse l’enseignante. Face à une demande en déclin, la plupart des professeurs d’allemand du secondaire combinent des cours dans plusieurs collèges afin d’atteindre leur quota d’heures – quinze par semaine pour les prof agrégés, dix-huit pour les certifiés.

«Il y a une imagerie positive autour de l’espagnol»

Ce jeudi matin, Léa Louvrier retrouve ses «petits fauves» de 4e bilangue à Jules-Ferry. «So, wer möchte am Computer sitzen ?» (Alors, qui veut s’asseoir à l’ordinateur ?) interroge la trentenaire, qu