Menu
Libération
Pouvoir d'achat

«Etudier devient un luxe» : la Fage estime le coût de la rentrée universitaire à 3 000 euros

La Fédération des associations générales étudiantes publie ce mercredi 16 août son indicateur annuel du coût de la rentrée, poussé à la hausse par les dépenses liées au logement et à l’alimentation.
Le logement représente la première dépense des quelque trois millions d’étudiants qui feront leur rentrée cet automne : 44,5 % des frais de vie courante (533,83 euros) y sont consacrés en moyenne. ( Jean-Francois Fort/Hans Lucas. AFP)
par Dalia Marthon
publié le 16 août 2023 à 18h21

Deux jours après la sortie du rapport de l’Union nationale des étudiants de France (Unef), la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) publie à son tour, ce mercredi 16 août, son indicateur annuel du coût de la rentrée universitaire 2023. Celui-ci s’élèvera à plus de 3 000 euros en moyenne pour un ou une étudiante type de 20 ans, inscrit en licence à l’université et non-boursier. A la crise sanitaire qui avait écorché le pouvoir d’achat des étudiants ces deux dernières années, s’ajoute la crise sociale et géopolitique, qui vient en cette rentrée 2023 renforcer la précarité étudiante.

Pour son président, Etienne Matignon, cela signifie que pour un étudiant, «même en travaillant les deux mois d’été au Smic, tout part en fumée dès le mois de septembre». Rapporté à la nouvelle méthodologie de calcul employée cette année par la Fédération, ce coût représentera 135 euros de plus qu’à la rentrée 2022 (+4,48 %). En cause notamment, la hausse de 8,8 % des frais de vie courante, l’un des deux types de frais calculé par la Fage, avec les frais spécifiques (les frais d’inscription, complémentaire santé, fournitures scolaires, etc.)

Le loyer et l’alimentation, toujours principaux postes de dépense

Comme l’année dernière, le logement représente la première dépense des quelque trois millions d’étudiants qui feront leur rentrée cet automne : 44,5 % des frais de vie courante (533,83 euros) y sont consacrés en moyenne. La Fage rappelle que la hausse des loyers auprès des bailleurs privés est de 8,95 %, dans un contexte où les aides au logement (APL) n’ont été revalorisées en avril que de 1,6 %. Les résidences Crous, qui ne parviennent à loger que 55 % des étudiants qui en expriment le besoin, ont été sommées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche d’augmenter les charges locatives en mai.

Les frais alimentaires, en hausse de 15,34 %, condamnent eux la majorité des étudiants à faire l’impasse sur des repas équilibrés et nutritifs. La Fage s’alarme des conséquences sur la «santé mentale et physique» de ces étudiants qui voient leurs chances de réussite scolaire se dégrader. Elle réclame la généralisation des repas à 1 euro, aujourd’hui réservés aux bénéficiaires de bourses sur critères sociaux.

A l’instar des années précédentes, la Fage rappelle la nécessité de réformer l’actuel système d’attribution des bourses sur critères sociaux, actuellement lié aux revenus des parents. Pour Etienne Matignon, il faut «une bourse territorialisée, qui prend en compte les bassins de vie», mais également une aide «universelle» permettant aux étudiants de vivre dignement au-dessus du seuil de pauvreté (1 102 euros en France), et d’acquérir une réelle émancipation.

«Etudier devient ainsi un luxe», déplore Etienne Matignon, qui rappelle qu’en France, les étudiants sont «censés avoir accès à l’éducation de manière gratuite». Si les bourses seront valorisées à la rentrée à hauteur de 500 millions d’euros, priorisant les «classes moyennes basses», cela constitue pour lui «un premier pas pertinent et apprécié», mais «insuffisant pour sortir de la logique d’un enseignement supérieur qui précarise les étudiants».