«Nous faisons de la protection de l’enfance, il est donc hors de question de mettre les coups.» De tous âges et toutes professions, ils sont neuf à se présenter à nous, autour d’une table d’un restaurant du centre du Neubourg, petite ville de 4 000 habitants dans l’Eure. Légèrement désorganisés mais extrêmement motivés, tous ont requis l’anonymat le plus complet. Leur point commun se nomme Vincent de Paul. Pas le saint, l’association. Ces femmes et ces hommes travaillent dans la maison d’enfants à caractère social (Mecs) de Thibouville, à dix minutes en voiture de notre point de rendez-vous.
Déterminé, le groupe est venu dénoncer une situation qui ne fait qu’empirer depuis une décennie, date à laquelle la nouvelle directrice a pris la tête de l’établissement. Selon cette dizaine de témoignages recueillis par Libération, Marie-France L. se serait montrée psychologiquement et physiquement violente avec des enfants de l’établissement qu’elle dirige. La directrice de 59 ans exercerait également des pressions fortes, semblables à du harcèlement moral, envers ses salariés. Au moins l’un d’entre eux a fait une tentative de suicide. Marie-France L. aurait, à plusieurs reprises, encouragé des éducateurs à frapper des enfants et des faits de maltraitance auraient été dissimulés à des parents. Selon plusieurs sources, un adolescent du centre ayant subi des violences physiques serait encore actuellement empêché de se rendre à la gendarmerie afin de porter plainte. Sollicité