Un septième ministre à l’Education nationale depuis 2022. Succédant à Elisabeth Borne, Edouard Geffray s’installe rue de Grenelle. Ce haut fonctionnaire de 47 ans est un bon connaisseur du monde de l’éducation. Diplômé de Sciences-Po, énarque (promotion Romain Gary), il est passé par le Conseil d’Etat, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) dont il a été le secrétaire général. En politique, il a été directeur de cabinet de François Bayrou, en 2017, puis DRH du ministère de l’Education nationale avant de devenir, en 2019, directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco), le numéro 2 du ministère. Il venait de rendre un rapport afin de moderniser le dispositif d’éducation aux images Ma classe au cinéma.
Mais sa nomination intervient dans un contexte compliqué. La rentrée a démarré par un drame, avec le suicide de Caroline Grandjean, directrice d’école dans le Cantal, après dix-huit mois de harcèlement lesbophobe. L’émotion suscitée s’est ajoutée à d’autres violences récentes, dont l’agression au couteau d’une enseignante par un élève de 14 ans dans un collège de Benfeld, fin septembre (Bas-Rhin).
Les difficultés structurelles demeurent
Au-delà de ces chocs, les difficultés structurelles demeurent. Le recrutement d’enseignants traverse une crise inédite depuis trois ans : concours désertés, postes non pourvus, renoncements précoces. Pour tenter d’enrayer cette crise d’attractivité, une réforme de la formation initiale – des futurs professeurs des écoles comme du secondaire – doit entrer en vigueur en 2026. Le concours sera avancé en troisième année de licence et les lauréats suivront ensuite deux années de master rémunéré avec un statut d’élèves fonctionnaires.
D’autres réformes sensibles attendent encore des clarifications. Sur le bac, la précédente ministre Elisabeth Borne avait annoncé, lors de sa conférence de presse de rentrée, que les notes de première et terminale ne compteraient plus dans la note de contrôle continu pour le bac. Seules certaines évaluations, dites «certificatives» – devoirs communs, bac blanc, contrôles importants – seraient intégrées. Les établissements doivent définir, d’ici aux vacances de la Toussaint, quelles notes compteront ou non.
Certaines mesures peinent par ailleurs déjà à s’appliquer. Le dispositif «portable en pause», censé être généralisé dans les collèges d’ici décembre pour lutter contre le «fléau de la surexposition aux écrans», est resté largement lettre morte : seuls 9 % des établissements l’ont mis en place, et 68 % disent n’avoir aucune intention de le faire, selon l’enquête du SNPDEN-Unsa, syndicat majoritaire chez les chefs d’établissements.
Le vrai chantier est devant
Vingt ans après la loi de 2001 qui rend obligatoires trois séances annuelles de la maternelle à la terminale, l’Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) bénéficie enfin d’un cadrage. Mais le vrai chantier est devant. Aucune heure n’est fléchée dans les emplois du temps, les équipes devront trouver comment appliquer ces séances sans moyens supplémentaires ou formation.
Impossible aussi de faire l’impasse sur le choc de l’affaire Bétharram, qui a mis en lumière les violences sexuelles dans de nombreux établissements privés sous contrat. Dans la foulée, le ministère avait lancé le plan «Brisons le silence, agissons ensemble», avec des questionnaires adressés aux élèves internes et aux participants de voyages scolaires. Elisabeth Borne avait promis de généraliser le dispositif et fixé un cap avec le contrôle de 40 % des établissements privés sous contrat d’ici à 2027.