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Lacunes

«Ils restent invisibles» : des milliers d’enfants en situation de handicap sans solution adaptée pour la rentrée scolaire, dénonce l’Unapei

Selon une enquête menée par le réseau d’associations auprès de 38 de ses organisations membres, représentant plus de 3 600 enfants, 13 % n’ont aucune heure de scolarisation par semaine, 38 % moins de six heures, 30 % entre six et douze heures.
Près de 19 000 enfants handicapés étaient scolarisés à l’école ordinaire à la rentrée 2024, selon le ministère de l’Education nationale. (Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)
publié aujourd'hui à 12h14

Il s’agit de l’une des lacunes du système scolaire français. A l’instar de 2024, des milliers d’enfants porteurs d’un handicap vont, cette année encore, faire leur rentrée sans accompagnement adapté à leurs besoins. Une situation qui se résume souvent à moins de douze heures d’école par semaine, dénonce ce lundi 25 août l’Unapei, réseau d’associations qui représente les personnes avec des handicaps intellectuels et cognitifs.

Selon cette enquête, réalisée auprès de 38 associations représentant 3 603 enfants, 13 % des enfants qui sont en établissement spécialisé n’ont ainsi aucune heure de scolarisation par semaine et 38 % ont entre zéro et six heures. 19 % seulement ont plus de douze heures de scolarisation hebdomadaire.

«Derrière le nombre croissant d’enfants scolarisés, il y a une qualité d’accueil très variable, des solutions qui ne correspondent pas aux besoins, des enfants scolarisés à l’école ordinaire alors qu’ils auraient besoin d’une place en instituts médico-éducatifs (IME)», déplore Sonia Ahehehinnou, vice-présidente de l’Unapei.

Pour rappel, près de 19 000 enfants handicapés étaient scolarisés à l’école ordinaire à la rentrée 2024, selon le ministère de l’Education nationale. Et en juillet, 65 % de ces enfants n’avaient pas de numéro INE, l’identifiant national des élèves, qui permet le suivi des enfants. «Ils restent donc invisibles pour l’Education nationale», dénonce encore l’Unapei.

Plus de 4 000 enfants sur liste d’attente

Par ailleurs, l’enquête publiée par ce réseau d’associations souligne que plus de 4 400 enfants sont sur liste d’attente pour obtenir une place en institut médico-éducatif. En attendant, ils sont «soit chez eux, soit scolarisés par défaut dans une école ordinaire», rapporte Sonia Ahehehinnou.

L’Unapei, qui a lancé une campagne dénommée #J’aiPasEcole, a recueilli près de 1 000 témoignages de familles concernées par cette problématique sur un site dédié. «Cette exclusion de l’école, motivée par des revendications collectives de certains parents, porte des conséquences bien au-delà de ce que l’on peut imaginer sur un enfant si jeune, déjà confronté à la difficulté de vivre avec un handicap (troubles du comportement). Il n’a pas choisi son handicap. A 6 ans, il fait déjà face à des défis que beaucoup d’entre nous n’auront jamais à affronter», peut-on par exemple lire dans un témoignage. «Nathan aurait besoin d’être en IME mais cela fait déjà 3 ans qu’on attend une place», pointe une autre famille.

Selon Luc Gateau, président de l’Unapei, invité au micro de France Info, «ces chiffres révèlent les limites d’un système en tension, où les suppressions de postes spécialisés, les difficultés de recrutement, la formation insuffisante des enseignants et des AESH, viennent contrer les objectifs affichés».