Fallone, 9 ans, a failli débarquer en classe en «pyj». Un pyjama rose, avec les oreilles de Minnie, en polaire moelleuse. A 8 h 43, elle est toujours attablée à la cantine pour le petit-déjeuner, pendant que la cour de récré commence à se remplir. Tinahya, 9 ans aussi, tique : «Euh, tu vas vraiment venir en classe comme ça ? C’est quand même la honte…» Entre deux crocs dans sa tartine de beurre, Fallone lui jette un regard en coin : «M’en fiche. Si tu crois que je vais pleurer juste pour un pyjama.» Elle ajoute que de toute façon, quand elle est chez sa mère, elle reste souvent en pyjama toute la journée. Séverine, son éducatrice référente, carré grisonnant, fronce les sourcils : «Arrête de parler et mange plutôt, si tu veux avoir le temps de repasser dans la chambre et t’habiller.» A la table d’à côté, Andjy et Kendjy, des jumeaux de 5 ans, «les loulous», comme les appellent les autres enfants, sont en grande discussion… en langage codé. Esméralda, 8 ans, vient, elle, de siffler son bol de lait d’une traite. Trop vite, visiblement : les joues gonflées, elle court aux toilettes.
Familles sur le fil
Bienvenue dans cet internat pour demi-portions. Sur les cent enfants de cette école maternelle et élémentaire, 26 élèves, entre 5 et 10 ans, dorment ici et ne rentrent chez leurs parents que le week-end. En France, les internats scolaires accueillant des écoliers dès la maternelle se comptent sur les doigts d’une main. Le plus souvent dans des endroits spécifiques pour ré