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Réparation

«J’ai été arraché à ma famille pour apprendre une culture qui n’était pas la mienne» : en Guyane, les anciens enfants des pensionnats catholiques en quête de vérité

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Environ 2 000 enfants amérindiens et bushinenguées (descendants d’esclaves) ont été envoyés entre 1935 et 2023 dans des établissements religieux soutenus par l’Etat français, appelés «homes indiens». Plusieurs d’entre eux ont demandé au Sénat jeudi 10 avril, la création d’une commission vérité et réconciliation.
Dans les années 1950 dans l'ouest de la Guyane, au «home» d’Iracoubo. (Fonds Arnauld Heuret)
publié le 11 avril 2025 à 11h53

«Le home, c’était pour moi un calvaire.» Ce jeudi 10 avril au matin, à l’initiative de la sénatrice écologiste Raymonde Poncet-Monge, Guillaume Kouyouri a poussé les portes du Sénat, à plus de 7 000 kilomètres de chez lui, pour raconter une partie de son enfance. De 1964 à 1970, ce kali’na a été, comme des centaines d’autres Amérindiens de Guyane, envoyé dans un «home indien», un pensionnat catholique soutenu par l’Etat français. «J’ai été arraché à ma famille dès l’âge de 4 ans pour apprendre une langue, une culture, une civilisation qui n’étaient pas les miennes, détaille le sexagénaire, au pupitre face à quelques journalistes et devant deux grands drapeaux de la France et de l’Union européenne. Si je suis là ce matin, c’est pour vous dire à quel point on a subi et à quel point j’ai souffert.»

Très peu connus dans l’Hexagone, les homes indiens ont marqué des générations de Guyanais. Créés par l’Eglise en Guyane à partir de 1935, ils visaient à «évangéliser les populations autochtones» et à «dispenser une éducation