On l’avait pourtant supplié de se faire discret. La mésaventure de Klaus Kinzler, professeur d’allemand publiquement accusé d’«islamophobie» sur le campus de Sciences-Po Grenoble, était devenue une affaire nationale. Manifestation de «l’islamo-gauchisme» qui gangrènerait les universités pour les uns, illustration des ravages d’un nouveau maccarthysme pour les autres. Loin de calmer le jeu, Kinzler a vidé son sac, dans un élan donquichottesque. Il se dit victime de procès staliniens, dénonce des étudiants aux cerveaux lessivés qui font régner la terreur. Il accuse surtout ses collègues : «La majorité d’entre eux n’a pas le courage de dire que je suis un démocrate ! Je suis là depuis vingt-cinq ans, et personne pour dire : “Je connais ce garçon : il n’est ni fasciste ni raciste !”» s’emporte-t-il devant tous les micros tendus, dans son français parfait, avec un fort accent allemand.
Regard bleu, tignasse blonde, ce visage tourmenté a parfois des expressions qui rappellent son presque homonyme, le colérique Klaus Kinski, terreur des plateaux de tournage. Tout en proclamant son amour pour sa patrie d’adoption, Kinzler convient, avec une pointe de fierté, qu’il est resté «très allemand». Il le manifeste par son franc-parler : «Je ne maîtrise pas l’art français du langage diplomatique.» Allemand, il l’est surtout quand il en appelle à l’Etat de droit. Par