La France est l’un des pays d’Europe qui consacre le plus faible budget à ses élèves de primaire, nous expliquait, en juin 2025, l’Institut des politiques publiques (IPP). Presque deux fois moins que la Norvège et 40 % de moins que la Suède.
Pour obtenir ces chiffres, l’organisme a recalculé le montant des dépenses en matière d’éducation en France, en corrigeant les chiffres des conventions comptables officielles. Ces dernières intègrent en effet l’effort budgétaire réalisé par l’Etat pour financer les pensions de ses agents retraités de l’éducation nationale, à travers une forme de surcotisation du fait du déséquilibre démographique entre les actifs et les retraités de la fonction publique. Ainsi, «le budget consacré à l’enseignement scolaire serait de 70,7 milliards d’euros en 2023, au lieu de 81,3 milliards d’euros», écrit l’IPP. Après correction et conversion en dollar ajusté des parités de pouvoir d’achat, l’organisme a donc procédé à une comparaison internationale avec les autres pays d’Europe. Et la France, initialement en 14e position, se retrouve 18e sur 24.
Un des effets de ce sous-investissement dans l’éducation est que les élèves français sont en moyenne plutôt moins performants que ceux des pays voisins. C’est en tout cas le verdict des classements internationaux qui mesurent les résultats des élèves. Que ce soit dans les enquêtes Pisa ou Timss, les élèves français sont à la traîne, notamment par rapport à nos voisins Britanniques et aux Italiens, qui dépensent nettement plus par élève.
Alléger l’effectif des classes
Une solution pour améliorer les performances des élèves serait, explique l’IPP dans un autre rapport, de profiter de la baisse de la démographie et donc des élèves dans le primaire pour alléger les effectifs des classes. Ces dernières sont actuellement 20 % plus chargées que la moyenne européenne. En évitant les suppressions de postes et les fermetures de classes, ces dernières verraient leur effectif s’alléger. La taille des classes influe significativement sur l’acquisition de compétences, particulièrement pour les élèves les plus défavorisés, selon de nombreuses études.
La différence de coût à long terme serait très limitée par rapport à une suppression de postes et de classes : moins de 0,5 milliard d’euros par an selon les calculs de l’organisme. En effet, fermer des classes pourrait permettre des économies budgétaires progressives allant jusqu’à 3,4 milliards d’euros en 2024. Mais réduire les effectifs permettrait de mieux former les élèves qui pourraient à terme prétendre à des niveaux de salaires plus élevés. Ce qui augmenterait de 2,9 milliards les recettes publiques. Le surcoût ne serait alors que de 0,5 milliard et les élèves bénéficieraient de leur côté d’un gain salarial global de 4,4 milliards d’euros par an.
Cette politique aurait d’autres effets bénéfiques comme l’amélioration des conditions de travail des enseignants, mais également, à long terme, l’amélioration de la santé publique, la diminution de la criminalité, la réduction des inégalités.