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Fournitures

La rentrée scolaire, un moment difficile pour les familles contraintes de réduire leurs dépenses

Si les prix des fournitures scolaires sont en baisse selon une enquête de la Confédération syndicale des familles publiée ce mercredi 14 août, la période reste source d’inquiétudes pour de nombreuses familles qui rivalisent de stratégies pour diminuer leur budget.
La diminution des dépenses repose essentiellement sur les changements de consommation des familles. (JC Milhet/Hans Lucas. AFP)
par Emmanuelle Milon
publié le 14 août 2024 à 20h22

«Deux cahiers à grands carreaux de 96 pages», «Porte-vue, 80 vues, «2 classeurs, format 24x32», «1 vieux tee-shirt», «1 paire de bottes», «1 maillot de bain»… Il est des listes de fournitures scolaires qui sonneraient presque comme des inventaires, à la Prévert. Ces exemples viennent de la Confédération syndicale des familles (CSF), qui publie ce 14 août sa 51e enquête sur le coût de la scolarité. Avec un chiffre clé : les dépenses en fournitures baissent de 6,8 % à la rentrée 2024 par rapport à l’année dernière.

«Vous allez dire que cette diminution est bien ? Nous ne partageons pas ce point de vue», annonce Annie Giroud, responsable du pôle éducation de l’association, qui soutient les familles populaires. Cette diminution repose essentiellement sur les changements de consommation des familles et fait suite à une augmentation de 11,3 % des dépenses à la rentrée 2023. Cette année encore, «la rentrée reste un moment difficile qui génère de l’inquiétude pour les familles», appuie la bénévole.

«Si ça continue, je vais devoir faire un crédit»

Une inquiétude palpable au rayon fournitures du Leclerc de Clichy-sous-Bois (Hauts-de-Seine), où les têtes de gondole sonnent déjà le glas de l’été. «On fait les courses exprès maintenant car si on attend l’arrivée de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), il n’y aura plus rien», précise Smahane venue avec sa fille, qui rentre le 2 septembre en CE1. Avant le dépôt du produit dans le chariot, passage au scan pour en vérifier le prix. Comme chaque année, les courses de rentrée constituent un sacré budget. «Si l’ARS ne comprenait que les fournitures ça irait, le problème c’est le reste : le cartable, les activités extrascolaires, l’habillement, le survêt…» poursuit Smahane. Des propos qui font écho à ceux lancés par une autre mère à son fils : «Si ça continue, je vais devoir faire un crédit pour payer tes fournitures.»

De son côté, la Fondation des familles de France a constaté une baisse de 1,12 % du coût moyen des fournitures scolaires pour un élève de sixième. La Fondation calcule ce chiffre à partir des prix des enseignes et les listes de fournitures délivrées par les établissements scolaires.

A l’inverse, la CSF a interrogé 141 familles sur leurs dépenses réelles. Nombre d’entre elles ont adopté diverses stratégies : «Elles achètent moins, récupèrent plus, réutilisent le matériel d’une année à l’autre. Elles optent pour des marques de distributeurs plutôt que des marques nationales. Certaines se regroupent pour acheter en lot et ensuite se redistribuer le matériel. D’autres font plusieurs enseignes», explique Annie Giroud. Ce faisant, les familles parviennent à réduire la facture, même si certaines charges demeurent : «On constate que les dépenses en “matériel divers” augmentent et ce pour l’ensemble des niveaux : primaire, collège, lycée», précise l’enquête. Dans cet ensemble, on trouve les blouses, calculatrices et autres matériels adaptés pour les filières professionnelles. Dès le collège, il faut compter près de 130 euros pour ce poste de dépense contre 162 euros au lycée.

Inégalité territoriale

Autre évolution à rebours de la tendance globale : le prix des fournitures en école élémentaire affiche une augmentation de 2,6 %. Une hausse qui s’explique «par le surinvestissement des familles populaires, à l’entrée à l’école de l’enfant, pour qu’il ne se fasse pas remarquer pour défaut de matériel», explique la CSF.

Enfin, la Confédération syndicale des familles pointe une inégalité territoriale. «Aux dépenses de rentrée, s’ajoutent les postes de dépense du transport et de la restauration scolaires, pour lesquels toutes les régions ne proposent pas les mêmes aides. Ces dernières diffèrent beaucoup en genre et en montant», explique l’une des membres de la CSF qui réclame un «égal accès à une éducation de qualité sur tout le territoire».

Autre revendication : la gratuité des dépenses scolaires de 3 à 16 ans (l’ARS n’est versée qu’à partir de 6 ans). Mais les bénévoles le savent «ce n’est pas demain matin que l’on va se réveiller avec la gratuité.» Alors en attendant, reste ce «palliatif», que constitue l’allocation de rentrée scolaire. Pour une réelle efficacité, l’association préconise aussi une extension du dispositif, une augmentation de la fréquence et des sommes versées dans l’année, car les «dépenses scolaires ne se limitent pas à la rentrée».