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Libération
Violences

La situation actuelle de Bétharram va faire l’objet d’une enquête administrative poussée, annonce Elisabeth Borne

La ministre de l’Education a décidé de lancer de nouvelles investigations dans l’établissement actuel après la publication ce jeudi du rapport d’une inspection menée en mars qui a mis en lumière plusieurs «manquements».
Elisabeth Borne et François Bayrou, le 21 janvier 2025. (Photo by Bertrand GUAY / AFP) (Bertrand Guay/AFP)
publié le 10 avril 2025 à 19h52
(mis à jour le 10 avril 2025 à 21h22)

Les violences perdurent à Bétharram. Une nouvelle enquête sur l’établissement catholique privé Le Beau Rameau, nom actuel de Notre-Dame-de-Bétharram est lancée ce jeudi par le ministère de l’Education nationale, après la publication du rapport d’une inspection menée en mars. «Des témoignages d’élèves mettent en cause les agissements de deux enseignants» qu’on «ne peut pas accepter», et «d’autres éléments» ont été «relevés lors du contrôle effectué par le rectorat» dans l’établissement au cœur d’un scandale de violences commises sur des enfants, explique la ministre dans une interview au journal La Croix.

«Le contrôle portait sur la situation actuelle de l’établissement et non sur les faits antérieurs», à savoir les violences sexuelles et physiques qui ont eu lieu dans l’établissement pendant des décennies, a précisé la ministre. «A la suite de ce rapport, je vais diligenter une enquête administrative de l’inspection générale» poursuit Elisabeth Borne, soulignant que le rapport de l’équipe du contrôle mené en mars, en réaction au scandale à Bétharram, est assorti «d’une mise en demeure avec une obligation de mise en conformité à court terme» sur des points problématiques.

Sept inspecteurs et une conseillère technique des services sociaux s’étaient rendus en mars à la demande du rectorat de Bordeaux sur les deux sites de l’institution, qui accueille 500 élèves dans les Pyrénées-Atlantiques. Leur rapport, publié jeudi, fait état de plusieurs manquements qui «doivent être corrigés au plus vite», notamment en termes de protection de l’enfance.

Il appelle notamment à «mettre en place une procédure interne formalisée de signalement ou d’information préoccupante, connue de tous» pour les situations de violence. Il relève aussi des témoignages d’élèves évoquant des «remarques blessantes et humiliantes» et des «moqueries en public», «répétées et régulières» de la part de deux enseignants.

Le recteur de Bordeaux, Jean-Marc Huart, a adressé dans la foulée une dizaine de «mises en demeure» à la direction de l’établissement. Selon son courrier que l’AFP a pu consulter, elles touchent notamment au «contrôle de l’honorabilité des personnels», au traitement des situations de violence, aux conditions de sécurité et à l’aménagement des locaux, ainsi qu’au contenu des enseignements dispensés dans le cadre du contrat avec l’Éducation nationale. Le recteur pointe aussi «un temps de célébration» obligatoire sur le temps scolaire, durant la période de l’Avent qui précède Noël, «ce qui contrevient au principe de la liberté de conscience».

Bayrou est accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des faits

L’affaire Bétharram embarrasse le Premier ministre François Bayrou qui était ministre de l’Education entre 1993 et 1997 et a eu plusieurs de ses enfants scolarisés à Bétharram, tandis que sa femme y donnait des cours de catéchisme. Il est accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des faits, ce qu’il a, à de multiples reprises, récusé.

Ce rapport d’inspection est publié le jour d’une série d’auditions dans le cadre d’une commission d’enquête sur le contrôle des établissements scolaires, avec plusieurs témoignages qui «contredisent point par point» les déclarations du Premier ministre, d’après le co-rapporteur de la commission d’enquête Paul Vannier (LFI). Une inspection académique commanditée en 1996 par le recteur de Bordeaux de l’époque, en réaction de premières révélations, avait été menée au pas de course en une seule journée et avait permis de réhabiliter l’établissement.

Mise à jour : à 21 h 15, avec les mises en demeure du recteur de Bordeaux.