La rentrée 2023 n’échappe pas à la polémique habituelle sur l’allocation de rentrée scolaire (ARS). Cette aide à destination des parents aux revenus modestes va être versée ce mercredi 16 août en métropole et dans la plupart des départements d’outre-mer. A la Réunion et à Mayotte, où la rentrée scolaire a lieu respectivement dès les 17 et 23 août, le versement de l’allocation a déjà eu lieu le 1er août. Une nouvelle suffisant à réveiller à nouveau les fantasmes sur l’utilisation de cette aide sociale, attribuée sous conditions de ressources.
En déplacement sur l’île de la Réunion, le nouveau ministre de l’Education national Gabriel Attal a tenté de trancher définitivement ce débat sur France Inter : «Ce serait se cacher derrière son petit doigt que de ne pas considérer que l’allocation de rentrée scolaire est devenue une forme de minima social, indépendamment de la vocation éducative.» Environ trois millions de familles, soit cinq millions d’enfants de 6 à 18 ans, scolarisés ou en apprentissage dans un établissement public ou privé, sont concernés.
«Si l’allocation de rentrée scolaire permet de réparer le frigo ou même de réparer la voiture, de payer des factures qui sont en retard, c’est aussi bon pour les enfants», juge Gabriel Attal en rappelant qu’elle «est versée sous condition de ressources à des personnes, à des familles dont on sait qu’elles sont en grande précarité. C’est utile pour la famille, donc à la fin pour les enfants.» L’ancien ministre délégué aux Comptes publics appuie : «C’est un soutien nécessaire et utile pour les familles.»
À chaque rentrée revient une petite musique sur l’utilisation de l'allocation de rentrée scolaire.
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) August 18, 2022
Cette aide est nécessaire et juste pour les dépenses de rentrée de plus de 3 millions de familles.
Faire peser un soupçon sur son utilisation est infondé et stigmatisant.
Une allocation revalorisée
Le ministre s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur, Pap Ndiaye, qui avait déjà martelé l’an dernier que cette allocation «est nécessaire et juste pour les dépenses de rentrée de plus de 3 millions de familles». Face à une proposition de loi LR visant à encadrer cette aide, il ajoutait que «faire peser un soupçon sur son utilisation est infondé et stigmatisant». Un discours en totale opposition avec le locataire précédent de la rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer, qui estimait que cet argent était parfois utilisé pour «acheter des écrans plats». Une étude de la CAF en 2014 prouvait le contraire : «La quasi-totalité (99 %) des bénéficiaires ont acheté des fournitures scolaires et 95 % des vêtements»
Tenant compte de l’inflation galopante, les montants de l’Allocation de rentrée scolaire ont été revalorisés de 5,6 % par rapport à la prime versée à l’été 2022. Pas de quoi compenser toutefois la hausse significative des prix. UFC Que choisir soulevait en juillet que le coût des fournitures scolaires a augmenté de 10 % depuis l’an dernier, l’inflation atteint même 14 % pour les seuls produits de papeterie (cahiers, classeurs, feuilles etc). «Cette augmentation est largement portée par l’évolution du prix de la pâte à papier, en hausse de 17 % entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023 en France», note UFC Que Choisir.
Une aide dégressive en fonction des revenus
Ces chiffres sont proches de ceux publiés par la Confédération syndicale des familles : l’inflation aurait selon elle entraîné une hausse de 11,3 % du coût des fournitures scolaires. D’après l’enquête menée sur 109 ménages membres de la CSF, le coût moyen d’une liste complète de fournitures à la rentrée 2023 pour un élève en école primaire s’élève à 233 euros contre 190 euros en 2022 (+23 %), 371 euros pour un collégien (+3,5 %) et 427 euros pour un lycéen (+3,1 %). Les vêtements et l’équipement sportif représentent les postes de dépenses les plus affectés avec une hausse de 12 %, tandis que le coût de la papeterie augmente de 25 %.
Attribuée sous conditions de ressources, l’ARS s’élève cette année avec la revalorisation à 398,09 euros pour les enfants de 6 à 10 ans, 420,05 euros pour les enfants de 11 à 14 ans, et 434,61 euros pour les adolescents de 15 à 18 ans. Cette aide est soumise à un plafond de ressource, soit 25 775 euros annuels pour un enfant à charge, plus 5 948 euros par enfant à charge supplémentaire.
Le ministère des Solidarités avait indiqué précédemment que «lorsque les ressources de la famille dépassent légèrement le plafond, celle-ci bénéficie alors d’une allocation de rentrée scolaire à taux réduit, dégressive en fonction de ses revenus».
Mise à jour à 15 h 25 : ajout des déclarations de Gabriel Attal.