Depuis le temps qu’elles l’attendaient, leur année de quatrième. «On nous avait dit que c’était celle de ta première vraie soirée, sans les parents quoi», s’exclament Sadia et Lucile. Et puis voilà, «encore une fois», le Covid-19 repousse encore davantage leur éveil à la liberté. «C’est pas pendant ces vacances qu’on va pouvoir sortir. Ça nous rend un peu triste de savoir qu’on n’aura pas la même adolescence que les autres», se désolent-elles ce jeudi matin, devant le collège Jean-François-Oeben du XIIe arrondissement de Paris, où elles sont scolarisées. Elles ont 13 ans, des cheveux épais qui dégringolent le long de leurs épaules et qu’elles balancent d’un côté ou de l’autre, au rythme de leurs éclats de voix. Emmanuel Macron a annoncé la veille la fermeture des établissements scolaires pour les trois prochaines semaines. «Une semaine de cours à la maison, deux semaines de vacances» : elles ont écouté l’allocution avec leurs parents et semblent avoir bien retenu la leçon présidentielle.
Plus elles parlent, plus leur groupe de copines s’élargit. Ça fuse, ça s’interpelle : «Moi j’arrive pas à suivre les cours toute seule chez moi, c’est trop compliqué de s’organiser», lance l’une des nouvelles arrivées. «Ma mère est tout le temps en réunion, je peux jamais parler, c’est horrible», c