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Le recteur de l’académie de Paris démissionne, sur fond de réforme contestée des classes prépas

Christophe Kerrero a claqué la porte du rectorat de Paris ce vendredi 2 février. Il souhaitait créer trois prépas, dont deux pour des bacheliers professionnels, et pour cela en supprimer d’autres.
Christophe Kerrero lors de la rentrée des recteurs d'académie, le 25 août 2022, en présence d'Emmanuel Macron. (Mohammed Badra/AFP)
publié le 2 février 2024 à 12h37

C’est une démission surprise, qui sonne comme une nouvelle claque pour la ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra. Le recteur de l’académie de Paris, Christophe Kerrero, a annoncé dans une lettre adressée ce vendredi 2 février aux personnels quitter ses fonctions. En cause : un conflit ouvert sur son projet de réforme des classes préparatoires de la capitale, un projet selon lui destiné à introduire davantage de mixité sociale.

«A mon arrivée, chacun de mes interlocuteurs me répétait que notre académie était la plus ségréguée de France : une académie de contrastes, où les établissements les plus prestigieux côtoyaient des ghettos scolaires. On me répétait aussi que rien ne changerait, dans une académie trop exposée», écrit Christophe Kerrero dans sa lettre, avant de poursuivre sur son plan, l’ouverture de deux classes préparatoires pour des bacheliers professionnels afin de préparer les concours des écoles d’ingénieur et des écoles de commerce, et d’une troisième, à Henri-IV, pour préparer aux concours du professorat des écoles. «Et pour cela, fermer en effet, quelques classes au sein d’une carte parisienne dont l’offre dépasse largement les besoins.» Soit, une hypokhâgne au lycée Lamartine, une khâgne à Chaptal, une classe économique commerciale et générale du lycée Jacques-Decour et une classe adaptation technicien supérieur à Pierre-Gilles-de-Gennes.

Des «classes massivement féminines»

Une réaffectation des moyens assez largement contestée. Mi-décembre, une marche organisée par une intersyndicale enseignante rassemblait plusieurs centaines de manifestants à paris. Une pétition, «Ces petites prépas qu’on abat», a été signée par plus de 10 800 personnes. Denis Choimet, porte-parole de la Conférence des classes préparatoires et président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, contestait dans le Monde le caractère élitiste des prépas dans le viseur du recteur : «La prépa ECG du lycée Jacques-Decour accueille 30 % de boursiers du secondaire ; aucun des étudiants de l’hypokhâgne du lycée Lamartine n’a eu mention très bien au bac, et toutes ces classes sont massivement féminines. Enfin, la filière adaptation technicien supérieur accueille des titulaires d’un BTS ou d’un DUT, c’est un fer de lance de la promotion sociale.»

La ministre n’a pas tardé à réagir. Sur X, elle a salué le «parcours exemplaire» de Christophe Kerrero et son «engagement en faveur de la mixité sociale, tout particulièrement à Paris, où nous poursuivrons, comme je m’y suis engagée, l’ensemble des chantiers qu’il a impulsés en faveur de l’égalité des chances, avec toutes ses équipes». D’après son entourage, Oudéa-Castéra souhaite «poursuivre sans délai la mise en place» du plan de Christophe Kerrero «tout en conservant ces classes préparatoires qui accueillent notamment des boursiers».