Il y a quelques semaines, une étudiante en traduction, qui a souhaité rester anonyme, passe un entretien d’embauche dans un cabinet d’expertise financière à Paris. Alors qu’elle expose ses compétences, acquises après cinq ans d’études dont un concours sélectif, le recruteur lui assène : «De toute façon, les traducteurs, vous allez être remplacés. Avant Chat GPT, on avait besoin de deux postes, maintenant un seul suffit.» Décontenancée face à un tel discours, la jeune femme se souvient de son inconfort jusqu’à la fin de l’entretien. Retenue pour le poste, elle préfère décliner. «Même si le salaire était intéressant, plus de 2 000 euros net mensuels, je ne peux pas accepter de travailler pour quelqu’un qui dénigre mon métier et n’en voit pas l’utilité.»
Qu’il s’agisse des inquiétudes sincères de leur entourage ou de remarques désobligeantes lancées à la volée, tous les étudiants en traduction que Libération a rencontrés racontent avoir été confrontés à une même crainte. Leur profession va-t-elle disparaître ? «Impossible», répondent-ils. «Du moins pas tout de suite», nuance l’une d’entre eux. «Et pas pour toutes les tâches», complète une autre.
«Cela nous fait réfléchir»
Depuis l’arrivée sur le marché grand public de Chat GPT en novembre 2022, deux mots – intelligence artificielle – voire deux lettres – IA – sont sur toutes les lèvres. Et pour cause, le développement de l’intelligence artificielle a connu un grand coup d’accélérateur ces deux dernières années, lai