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Enquête

Les profs face à l’entrisme de l’extrême droite à l’école : «Il ne faut absolument pas céder»

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Pour une sortie pédagogique ou un cours teinté «d’idéologie de gauche», des enseignants se voient cyberharcelés et parfois menacés de mort. Une pression couplée à une désinformation massive que les syndicats observent avec inquiétude.
La professeure de philosophie Sophie Djigo, ici en décembre 2022, a été la cible d'un cyberharcèlement d'extrême droite. Elle a lancé cet été une «coordination antifasciste». (Thierry Thorel/Maxppp)
publié le 10 octobre 2023 à 19h37

Il ne l’avait pas vu venir. En décembre, Claude (1), professeur d’histoire-géographie de 35 ans dans l’Eure, mène avec ses deux classes de 4e un cours sur les migrations. Pour la cinquième année consécutive, il a demandé à ses élèves de décortiquer Tonton du bled du groupe 113. Une chanson de rap qui raconte les vacances au bled, le voyage entre la France et l’Algérie, le lien entre les pays d’adoption et d’origine. Après avoir vu le clip, les élèves doivent remplir un questionnaire sur «le déroulement, les circonstances et les motivations du voyage». Le cours fait partie d’un chapitre à suivre dans le programme de géographie, le support pédagogique a été validé par l’inspection académique : tout est dans les clous. Pourtant, le 11 décembre, Claude est alerté par des collègues. Quatre photos issues de son exercice circulent sur Twitter (renommé X). Elles ont été relayées deux jours plus tôt par Nicolas Bay, ex-porte-parole de Marine Le Pen devenu vice-président de Reconquête, le parti d’extrême droite d’Eric Zemmour.

«L’endoctrinement bat son plein dans un collège de X [à la demande du professeur, Libération ne relaie pas le nom de la ville, ndlr]. Les élèves sont priés de réfléchir au lien entre rap et immigration avant de répondre à un questionnaire sur le parcours d’une famille d