Menu
Libération
Témoignages

Les retardataires de Parcoursup : «Est-ce qu’on sait vraiment ce qu’on veut faire de notre vie à 17 ans ?»

Ce jeudi 14 mars, après 23h59, il ne sera plus possible pour les lycéens d’ajouter des vœux dans leur dossier d’admission post-bac. Dans la dernière ligne droite, certains hésitent toujours.
La plateforme est ouverte depuis le 17 janvier 2024. Les lycéens peuvent y déposer dix vœux d'orientation pour leurs études supérieures. ( Jean-Marc Barrere/Hans Lucas. AFP)
par Yassine Karchi
publié le 14 mars 2024 à 12h36

Il ne reste plus que quelques heures à des centaines de milliers de jeunes pour finaliser leurs vœux d’orientation dans le supérieur sur la plateforme Parcoursup. Pourtant, Sacha (1), lycéenne en terminale au lycée Claude-Monet de Paris (XIIIe arrondissement), est toujours dans le doute. «Je me sens assez frustrée par les vœux», confie-t-elle d’un air inquiet. La future bachelière n’a pas bouclé sa liste. Entre une licence de Staps, une double licence droit-italien ou un cursus en sciences politiques, que va-t-elle choisir avant 23h59 ce jeudi soir ? Comme pour Sacha, l’heure est encore au tâtonnement chez de nombreux élèves.

Depuis qu’elle a été inaugurée en 2018, la plateforme d’admission post-bac est la source de bien des angoisses pour les candidats. C’est en effet sur celle-ci que leur orientation sera scellée. Futurs bacheliers et étudiants en réorientation y formulent leurs vœux d’études supérieures. En 2023, 917 000 personnes avaient postulé sur Parcoursup, auprès de 23 000 formations. Cette année, elles peuvent déposer leurs dix souhaits depuis le 17 janvier 2024.

Des vœux d’orientation vertigineux

Pacôme, en classe de terminale au lycée Montmajour à Arles (Bouches-du-Rhône), se questionne : «On nous demande de choisir des formations, mais honnêtement, est-ce qu’on sait vraiment ce qu’on veut faire de notre vie à 17 ou 18 ans ?» Le lycéen a formulé ses vœux très tardivement. Après des hésitations, il a opté pour des licences en économie-gestion. Il n’est pas le seul à être de la dernière minute. Comme lui, Dylan (1), élève de 17 ans au lycée Claude-Monet, reconnaît «ne pas du tout savoir» ce qu’il veut faire plus tard.

Et en raison de ce flou persistant, il n’est pour l’instant pas pressé pour finaliser ses choix de formation. Inscrit cette année de terminale en spécialité mathématiques et physique, il hésite encore entre des classes préparatoires scientifiques, des licences de droit et des études de santé. Toutefois, pour l’heure, cette phase d’admission ne «stresse pas trop» le (futur ?) bachelier. Mais Pacôme et Sacha, eux, voient s’entremêler frustration et stress à l’approche de l’heure décisive.

«Je me sens très restreinte»

«Il y a cette pression énorme qui pèse sur nos épaules», reconnaît le premier, disant ressentir les inquiétudes des adultes qui l’entourent. Depuis l’ouverture de la plateforme, il a reçu les avis de ses parents et professeurs, censés mûrir sa réflexion. Mais qui, au contraire, l’ont plutôt inquiété. Rythme et difficulté des études supérieures, crainte de ne pas le voir épanoui… Le jeune homme a donc décidé de prendre son temps. «C’est comme si chaque décision que nous prenons à ce stade allait déterminer le reste de notre vie. Alors forcément, ça peut être un peu stressant», déclare le lycéen, qui dit ne pas vouloir «[se] précipiter» dans des décisions qu’il pourrait «regretter plus tard».

Parce qu’elle aussi ne veut pas se lancer brusquement dans le bain, Sacha a passé tout son week-end à étudier et hiérarchiser minutieusement ses choix. «On en a seulement dix, je me sens très restreinte», confie la lycéenne, qui n’a toujours pas bouclé son dossier. Même si elle a l’impression d’avoir «toujours [ses parents] derrière [son] dos», elle relativise : «Ma maman est très forte pour la rédaction. C’est une chance de malade, certains ne l’ont pas.»

(1) Les prénoms ont été modifiés