Ils sont une majorité à ne pas ressentir de mal-être. Au cours de l’année 2022-2023, 91 % des lycéens (88,6 % des filles ; 92,7 % des garçons) se sont sentis «bien» ou «tout à fait bien» dans leur établissement scolaire. Voilà l’une des principales conclusions, plutôt réjouissante, de la troisième enquête nationale de climat scolaire et de victimation concernant les lycéens, publiée ce mardi 9 juillet par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Education nationale. Ça, c’est pour la vue d’ensemble : les résultats détaillés de cette étude (la précédente datait de 2018) font état d’un nombre important d’adolescents subissant à l’école du harcèlement scolaire, des violences sexistes et sexuelles (VSS) ou encore un stress élevé. 15 000 lycéens des secteurs public et privé sous contrat ont été interrogés.
Moins de relations amicales qu’il y a cinq ans
Ainsi, sur l’année scolaire 2022-2023, 19 % des lycéennes ont été au moins une fois victimes d’une VSS dans leur établissement ou en chemin pour s’y rendre, contre 5 % des lycéens. Les jeunes filles sont également plus concernées que leurs camarades masculins par les mises à l’écart (44 % d’entre elles, soit 20 points de plus que les garçons) et par les humiliations (20 % d’entre elles contre 10 % des garçons). En outre, 44 % des lycéennes indiquent être «très stressées» par les examens et les évaluations, contre 12 % des lycéens. Elles déclarent aussi avoir moins de relations amicales qu’eux : 58 % d’entre elles affirment avoir «plutôt beaucoup» ou «beaucoup» d’amis dans leur établissement scolaire, contre 75 % des garçons. Des chiffres largement en baisse par rapport à 2018, où, à la même question, les lycéennes et lycéens étaient respectivement 86 % et 90 % à répondre par l’affirmative.
Autre enseignement fourni par cette enquête : l’augmentation de la «multivictimation» – soit le fait d’être victime de manière répétée d’au moins cinq formes de violences psychologiques ou physiques –, laquelle est plus élevée en 2023 (2,2 % des élèves) qu’en 2018 (1,3 %) et 2015 (1,4 %). Cette situation, «qui peut s’apparenter à du harcèlement», est subie tout autant par les filles que par les garçons et est plus élevée dans les lycées professionnels que dans ceux d’enseignement général et technologique (LEGT) et polyvalents (LPO).
Le harcèlement en ligne touche près d’un quart des lycéens
En outre, en 2023, 23 % des élèves ont été confrontés a minima une fois à une forme de cyberviolence (10 % en ont été victimes de façon répétée), contre 18 % en 2018. La DEPP note par ailleurs que «la cyberviolence est légèrement plus élevée dans le privé sous contrat que dans le public» : 26 % des lycéens scolarisés dans le privé sous contrat, où la mixité sociale est en net recul depuis une vingtaine d’années, ont déclaré avoir subi au moins une fois une cyberviolence, contre 22 % chez ceux du public. Si les résultats concernant les violences physiques et les VSS sont similaires dans le public et le privé, les élèves de la seconde catégorie sont davantage victimes d’atteintes psychologiques (ostracisation, moqueries, insultes…) que les premiers. Les élèves du privé, qui sont plus nombreux que dans le public à «plutôt bien» ou «tout à fait bien apprendre» dans leur lycée (89 % contre 82 %), sont cependant plus nombreux à déclarer avoir subi au moins un vol pendant l’année (43 % contre 36 % dans le public). Des données à bien garder en tête lorsqu’une personnalité politique – au choix : Amélie Oudéa-Castéra, ex-ministre de l’Education nationale qui a fait le choix du privé pour ses propres enfants – critiquera pour la énième fois l’école publique.