Le vote de la loi immigration continue de fracturer l’exécutif. Selon l’entourage de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau a présenté sa démission en marge du conseil des ministres mercredi, mais cette dernière a été refusée, ce jeudi 21 décembre, a fait savoir l’entourage de Retailleau. Le président Emmanuel Macron et la Première ministre Elisabeth Borne «ont assuré à la ministre que les mesures concernant les étudiants» dans cette loi «seraient révisées si elles n’étaient pas censurées par le Conseil constitutionnel».
Pour l’exécutif, il s’agit de ne pas voir trop de ministres sortir du gouvernement. Mercredi au lendemain de l’adoption du texte qualifié de «victoire idéologique» par le Rassemblement national, Aurélien Rousseau, titulaire du portefeuille de la Santé, a, lui aussi présenté sa démission mais celle-ci a été acceptée. D’autres ministres dits «de l’aile gauche» de la macronie avaient aussi menacé de quitter le navire en dernière minute si la loi était adoptée. Il s’agissait du ministre des Transports, Clément Beaune, du ministre de l’Industrie, Roland Lescure, et du ministre du Logement, Patrice Vergriete, qui sont, à date, toujours en poste.
Depuis l’adoption de la loi, le milieu universitaire est très critique avec ce texte qui durcit les conditions d’arrivées sur le territoire des étudiants étrangers. C’est tout particulièrement le dispositif de caution-retour qui fait l’unanimité contre lui. Présidents d’université, étudiants, mais aussi les dirigeants des écoles de commerce Essec, HEC et ESCP, ont pris publiquement la parole contre ces dispositions ce jeudi. Ils fustigent des mesures «qui menacent gravement notre compétitivité internationale» et «anéantiraient l’objectif gouvernemental de doubler le nombre d’étudiants internationaux d’ici à 2027».
L’idée de caution-retour vient de la droite mais a été reprise par la macronie dans sa loi. Elle consiste à exiger des étudiants étrangers une certaine somme lors de leur arrivée, qui leur serait rendue s’ils rentrent chez eux après leurs études ou obtiennent un nouveau titre de séjour. Elle serait conservée s’ils font l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) sans la respecter. Un dispositif unique en Europe sur lequel la Première ministre Elisabeth Borne se dit prête à revenir. Le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur confirme à Libération que, s’ils ne sont pas censurés par le Conseil constitutionnel, le gouvernement reviendra sur cette caution retour, mais aussi sur les frais d’inscriptions différenciés pour les étudiants internationaux.