En septembre, le Premier ministre français Michel Barnier a déclaré la santé mentale «grande cause nationale». Un rapport publié ce mercredi 13 novembre par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) accrédite cette urgence. Il pointe l’augmentation de la pression scolaire ressentie par les adolescents européens, mais aussi d’Asie centrale et du Canada, autant que la diminution du soutien que leur apportent famille et pairs.
Pour tirer ses conclusions, l’organisation a mené une étude à partir du ressenti de 279 117 jeunes de 11, 13 et 15 ans à travers 44 pays d’Europe et d’Asie centrale ainsi qu’au Canada. Elle insiste sur l’évolution négative de l’environnement des jeunes car, en seulement quatre ans, la part d’adolescents se sentant soutenus a dégringolé de 73 à 67 %. Cette baisse est encore plus marquée chez les filles qui sont seulement 64 % à ressentir le soutien de leur famille contre 72 % auparavant.
Inégalités de genre
L’abandon ressenti n’est pas seulement familial, note le rapport. Les collégiens et lycéens sont moins de 6 sur 10 à ressentir du soutien de la part de leurs camarades. Encore une fois, la baisse est plus prononcée chez les filles. Même constat pour la pression qui pèse sur leurs épaules. En 2022, près de deux tiers (63 %) des filles de 15 ans déclarent se sentir sous pression, quand pour les garçons du même âge, ils sont 43 %, rapporte le bureau Europe de l’OMS.
«Les filles sont souvent prises entre les attentes contradictoires de l’excellence académique et des rôles sociaux traditionnels, tandis que les garçons peuvent être soumis à des pressions pour paraître forts et autonomes, ce qui les décourage de chercher le soutien dont ils ont besoin», note l’une des autrices du rapport, Irene García-Moya, citée dans le communiqué.
L’impact de l’environnement
«Les adolescents d’aujourd’hui sont confrontés à des défis sans précédent dans leur environnement social, […] ce qui peut avoir des conséquences à long terme sur leur santé et leurs perspectives d’avenir», déclare le directeur régional Hans Kluge, cité dans le communiqué de l’OMS. Les jeunes qui bénéficient d’un soutien important, et qui évoluent le plus souvent dans des milieux favorisés, ont une meilleure santé mentale que ceux ne disposant que d’un soutien limité ou inexistant, relève l’organisation de santé.
Pour aider les adolescents de 11, 13 et 15 ans à se sentir mieux, il importe d’intervenir en tenant compte des spécificités de chaque genre, souligne l’OMS. L’étude préconise aussi de créer des environnements scolaires inclusifs. Pour cela, il faudrait réduire la taille des classes, mettre en œuvre des programmes de mentorat et en intégrer l’apprentissage socio-émotionnel aux programmes scolaires, précise le rapport.