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Reportage

Lycéens en colère à Paris : «On est obligé d’en arriver à brûler des choses et bloquer des chemins»

Parcoursupdossier
Une quinzaine de lycéens se sont rassemblés pour faire entendre leur mécontentement vendredi soir devant le ministère de l’Education nationale. Une action organisée par l’intersyndicale lycéenne pour s’opposer à la politique d’éducation du gouvernement.
Manifestation de syndicats lycéens vendredi devant le ministère de l'Education nationale. (Cha Gonzalez/Libération)
par Ysé Rieffel
publié le 27 mai 2023 à 10h26

Rue de Grenelle, 19 heures. Une quinzaine de lycéens déposent devant le ministère de l’Education nationale une maison en carton, symbolisant un lycée, pour y mettre le feu. Ils brandissent les drapeaux des trois syndicats présents : le Mouvement national lycéen (MNL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl) et La Voix lycéenne (LVL). Les flammes prennent, quelques cyclistes s’arrêtent, interloqués. Au grand dam des conducteurs au volant de leur voiture, empêchés de continuer leur route. «Sales gauchistes de merde», lance l’un d’entre eux.

«Démotivation totale»

«Le ministère de l’Education ne nous écoute pas, donc on n’a pas d’autre choix que de sortir dans les rues pour manifester notre mécontentement. On est obligé d’en arriver à brûler des choses et bloquer des chemins», regrette Fatou Foufana, 17 ans. A l’écart, elle filme la mobilisation, pour la partager sur les réseaux sociaux. «C’est toute la jeunesse qui doit se soulever pour que ça ait un réel impact», poursuit la lycéenne, adhérente à la Fidl.

«Comme le gouvernement ne nous entend pas, on vient jusque devant le ministère pour leur dire qu’on est contre la politique menée par Pap Ndiaye» explique Jasmine Khermimoun, secrétaire générale de la Fidl. «Il y a tout d’abord la réforme du baccalauréat général et technologique, qui fait qu’on a un bac en mars. Et les notes du troisième trimestre ne comptent pas sur Parcoursup. Donc on a une démotivation totale. Certains élèves ne vont plus en cours après, puisqu’il n’y a plus aucun enjeu», raconte Gwenn Thomas-Alves, président de la Fidl. Dans son lycée, Jean-Macé à Vitry-sur-Seine, il regrette de ne plus pouvoir choisir l’option grec, «contrairement aux autres grands lycées parisiens», et met en cause les heures supprimées au fur et à mesure des années.

«A la rentrée, on va continuer, il y a aura des blocages dans les lycées»

Nombreux sont ceux qui participent aux manifestations contre la réforme des retraites, aussi évoquée à plusieurs reprises dans le mégaphone. «Au-delà de la réforme des retraites à laquelle on s’oppose toujours aujourd’hui, il y a aussi une réforme des lycées pro qui est en préparation. L’intersyndicale lycéenne dit non. A la rentrée, on va continuer, il y a aura des blocages massifs dans les lycées», soutient Manès Nadel, porte-parole de La Voix lycéenne Paris.

Antoine, en terminale, se mobilise aussi «à fond» depuis le mois de mars. Un peu moins avant, parce qu’il passe le bac cette année et que «c’est important de réussir ses épreuves», précise le lycéen, missionné pour prendre des photos. Mais il a oublié sa carte SD. Alors il colle des autocollants sur la grande porte en bois noire du ministère.

Vers 19h30, une dizaine de policiers arrivent pour reprendre en main la circulation. S’ensuit un long duel de regards entre les lycéens, assis sur la route, et les forces de l’ordre, au bout de la rue. Il faut attendre l’arrivée de trois représentants du ministère de l’Education, qui n’ont pas voulu donner leur identité, pour les faire décamper. Un rendez-vous mercredi prochain pourrait peut-être s’organiser, leur dit-on.