Les chiffres donnent le vertige. «A peu près 400 établissements» ont été visés par des menaces d’attentats terroristes ces dernières semaines «sur une vingtaine d’académies» dans toute la France, a déclaré la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet ce mardi 2 avril sur BFMTV. Si elle précise ne pas posséder le nombre exact d’élèves ayant reçu un message de menace, elle confirme qu’ils seraient au moins des milliers, via les espaces numériques de travail – les ENT – servant de lien entre enseignants, élèves et parents.
Jusqu’alors, le ministère avait évoqué entre 150 et 200 établissements visés à partir du 20 mars par des menaces d’attentats, des lycées et des collègues situés en Ile-de-France, en Bretagne, dans les Hauts-de-France, mais également dans le sud de la France. Une vidéo de décapitation a notamment été envoyée.
Menaces terroristes reçues sur les ENT: "Il y a eu à peu près 400 établissements qui ont été visés" précise Nicole Belloubet pic.twitter.com/QFA3FFD0w8
— BFMTV (@BFMTV) April 2, 2024
«Ces messages sont entrés par les comptes personnels de nos élèves. J’ai demandé que soit suspendue la messagerie des ENT pour réinitialiser les comptes, refaire passer des consignes», a également précisé la ministre. Annoncée par la ministre jeudi 28 mars, cette suspension «à titre préventif» doit permettre de réinitialiser les codes d’accès aux comptes sur les espaces numériques de travail. De quoi espérer lutter contre l’usurpation des identifiants, qui semble avoir été la méthode utilisée par une grande partie des auteurs des menaces.
Questionnée sur l’horizon de rétablissement de ces messageries, Nicole Belloubet a expliqué que «l’objectif est de suspendre les ENT pendant les vacances de printemps, pour faire les premiers travaux de sécurisation en lien avec les collectivités territoriales, et de rouvrir après les vacances».
Decryptage
Dans la foulée de ces attaques, plusieurs plaintes avaient été déposées. Le parquet de Paris avait ouvert une première enquête le 21 mars, avant d’en amorcer deux nouvelles le 27 mars. Le 28 mars, un mineur de 17 ans avait été interpellé à Malakoff (Hauts-de-Seine) et placé en garde à vue, puis mis en examen et incarcéré samedi 30 mars. Le lendemain, les parquets de Bordeaux (Gironde) et de Mont-de-Marsan (Landes) avaient fait savoir que deux lycéens ayant reconnu des faits de plusieurs fausses alertes à la bombe devaient comparaître au printemps devant les juges du tribunal pour enfants.
Jeudi 28 mars, dernier s’est tenue une réunion au ministère de l’Education sur la sécurité numérique en milieu scolaire, pour définir «une feuille de route partagée visant à mieux sécuriser les espaces numériques de travail et les logiciels de vie scolaire, à court et moyen terme». Nicole Belloubet avait promis le même jour vouloir «déployer un véritable bouclier numérique». Sans plus de détails, pour l’instant.