Sous une pluie battante, la place de la Sorbonne a pris des couleurs de la Palestine, ce jeudi 2 mai. Drapeaux et banderoles sont brandis par des étudiants de la Sorbonne venus de plusieurs sites de l’université – dont Tolbiac, Cité et Clignancourt – pour rejoindre leurs camarades de la faculté-mère dans l’après-midi. Ces derniers avaient, quant à eux, installé des tentes dès la matinée pour un sit-in devant leur campus. Désormais réunis dans le cœur du Ve arrondissement parisien, ils entonnent des chants en soutien aux Palestiniens.
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Après des blocus simultanés dès 9 heures, les services de sécurité avaient fait évacuer les bâtiments des différents campus sur ordre de la direction. Un procédé que condamne Matéo, étudiant en L3 d’histoire à Tolbiac (XIIIe arrondissement) : «Utiliser l’évacuation des bâtiments comme moyen de répression étudiante, pour nous empêcher de parler, de manifester notre désaccord, c’est une honte.» Pour l’une de ses camarades, c’est au contraire une victoire : «Une évacuation signifie qu’ils ont peur qu’on occupe. C’est aussi une façon de permettre à tous les étudiants de se mobiliser, sans se soucier des cours ou partiels. On ne lâchera rien.»
«On ne pouvait pas louper le coche»
Pourtant, devant les grilles du 90, rue de Tolbiac, beaucoup attendent de savoir quelles seront les modalités d’aménagement des cours et examens. Les yeux rivés sur son téléphone, Zakaria soupire de soulagement. Les partiels de cet après-midi sont annulés. «Mais on n’a encore aucune date de report», ajoute-t-il, la mine soucieuse. Pour d’autres, les examens ont été délocalisés à Censier. «Au dernier moment pour éviter un autre blocage», affirme Hortense, étudiante en L3 d’histoire et militante au NPA.
13 heures : alors que la faculté de Tolbiac s’est vidée de ses étudiants, quelques dizaines de personnes mobilisées se lancent en direction du campus voisin des Grands Moulins. Anna, membre du Comité de soutien à la Palestine sur place ne s’attendait pas à être rejointe par d’autres sites comme celui de Tolbiac. «Ici, la mobilisation s’est essoufflée après le mois d’octobre. Mais avec les récents événements, à Sciences-Po, aux Etats-Unis, on ne pouvait pas louper le coche.»
Deux revendications régulièrement répétées
Ce récent coup d’accélérateur du mouvement étudiant de solidarité avec Gaza s’accompagne de deux revendications répétées régulièrement : l’arrêt des partenariats académiques avec les universités israéliennes (une demande rejetée ce jeudi à Sciences-Po) et le retrait des conseils d’administration des facs d’entreprises jugées complices de la politique menée par Benyamin Nétanyahou, à l’instar de L’Oréal, Safran ou encore Thalès.
Finalement réunis place de la Sorbonne sur les coups de 16 heures, les quelques centaines d’étudiants des différents campus n’auront guère eu de temps pour marteler leur message. Moins d’une heure plus tard, un imposant cordon de CRS encercle la place, avant d’avancer, de détruire les tentes installées là, et de repousser la foule vers une rue adjacente, tandis que certains manifestants sont nassés.