«J’aurais dû prévoir des pansements», dit en souriant Bénédicte Bonnouvrier. Tablier beige noué autour de la taille et tatouages fleuris sur les avant-bras, la relieuse d’art gère avec quiétude les aléas de son atelier. Certains élèves se piquent avec leur aiguille, d’autres appuient tellement fort sur leur punaise qu’ils ont l’index abîmé. Dans la salle 104 du collège Marcel-Pagnol de Vernouillet (Eure-et-Loir), chacun est concentré sur son petit bloc de feuilles et la couverture qui l’entoure. Ça mesure, ça tire des traits, ça coud : le petit groupe s’attelle à la confection de carnets à reliure japonaise, une technique qui consiste à assembler les feuilles grâce à une couture visible. «Mais je n’y arrive pas !» se désespère Eliana, les mains sur la tête. Bénédicte Bonnouvrier passe voir chacun, montre et remontre les gestes. «C’est trop bien, je découvre des trucs», s’amuse Alexis en léchant son fil, avant de le passer dans le chas de l’aiguille. «C’est instructif, pour une fois on fait autre chose de nos mains que de jouer aux jeux vidéo», s’autotacle Benjamin.

Ce mardi de novembre, tous les élèves de cinquième de ce collège classé REP (réseau d’éducation prioritaire) y passent. Reliure, tapisserie, émaillage sur métal, plumasserie, broderie à l’aiguille… Réparti en petits groupes, chacun s’essaye, durant une demi-journée, à trois métiers manuels. Une initiative développée par l’association De l’or dans les mains, qui a touché plus de 4 000 élè