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Libération
Méthode illégale

Mort de Nahel : le préfet de l’Hérault préconise «deux claques et au lit» pour endiguer la violence urbaine

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Hugues Moutouh a enjoint les parents ce lundi 3 juillet d’employer la méthode forte afin de mettre un terme aux émeutes qui ont lieu chaque nuit depuis la mort de Nahel mardi dernier.
Hugues Moutouh, en 2021. (Pascal Guyot/AFP)
publié le 3 juillet 2023 à 15h53

Appeler au calme en usant de la violence ? «La méthode, c’est deux claques et au lit !». La phrase choc, prononcée ce lundi 3 juin au micro de France Bleu Hérault par le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, s’est attiré les foudres des opposants à la fessée comme mode d’éducation. Un conseil qu’il adresse à tous les parents afin d’endiguer les violences urbaines survenues après la mort de Nahel. Sur Twitter, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, s’est indigné qu’un «préfet prône la culture de la violence pour combattre la violence».

«Quand on met au monde des enfants, on s’en occupe dès la naissance. Si effectivement, dans les 12-13 premières années, ces enfants sont élevés comme des herbes folles, il ne faut pas s’étonner qu’à 12-13 ans on les voie caillasser des véhicules de police ou piller des magasins», considère le préfet. «Je sais qu’en 2019, le Parlement a interdit la fessée, mais très franchement, de vous à moi, si demain vous attrapez votre gamin qui descend dans la rue pour brûler des véhicules de police, ou caillasser des pompiers, ou piller des magasins, la méthode, c’est quoi ? Deux claques et au lit ! C’est ce que faisaient nos grands-parents», a-t-il ajouté. En France, la loi «anti-fessée» de 2019 a en effet inscrit dans le code civil que «l’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques». Manifestement, ça ne défrise pas le représentant de l’Etat de professer l’inverse.

«Est-ce une demande de plus de violences du préfet ?»

Des déclarations qui n’ont pas manqué de faire réagir. «Les enfants violents ont très souvent été les victimes de violences intra-familiales. C’est un fléau dans l’Hérault et en France. Est-ce une demande de plus de violences du préfet ? Bien évidemment que les enfants n’ont pas à casser et brûler. Mais quelle naïveté du @Prefet34 que de croire qu’une société qui traite mal enfants et parents produise de la douceur et de la paix !», a commenté le député de l’Hérault La France insoumise (LFI) et instituteur Sébastien Rome.

Aymeric Caron (LFI), a tenu lui à rappeler dans un tweet que «frapper son enfant est interdit […]. Ce haut fonctionnaire d’Etat, dont le rôle est de faire respecter la loi, encourage aux violences sur les enfants.» L’eurodéputé écologiste David Cormand a quant à lui déploré que le préfet soit «dans le déni sur les injustices sociales, territoriales ou familiales».

Ancien conseiller technique de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh a, depuis son arrivée dans l’Hérault en juillet 2021, mené une politique de fermeté dans la lutte contre les bidonvilles, ce qui lui a valu la réputation de «préfet bulldozer». Il a aussi été critiqué par la gauche, notamment pour des propos assimilant des manifestants contre la réforme des retraites à des vandales.