Depuis neuf ans, tous les printemps se ressemblent. Malgré une once d’espoir planquée dans un coin du ventre, Marion (1) n’est plus surprise par la sentence. «Dans le cadre de votre participation au mouvement interdépartemental, nous regrettons de vous informer qu’il n’a pas été possible de réserver une suite favorable à votre demande de changement de département», voit-elle surgir chaque année dans sa boîte mail. Depuis que la jeune femme a obtenu le concours pour devenir enseignante – le CRPE – dans le département de Paris, la Francilienne aimerait quitter la capitale. En vain. Pour «faire son mouvement» (c’est-à-dire obtenir une mutation) il faudrait «un miracle» : «Depuis que j’enseigne, je n’ai jamais vu personne faire son mouvement. Ah si, une collègue il y a quelques années grâce à ses points obtenus pour sa situation de handicap.» Selon les chiffres du ministère de l’Education nationale transmis par les syndicats, dans le premier degré, 749 enseignants ont demandé à quitter Paris pour la rentrée scolaire 2023. Seules 65 demandes ont été satisfaites. Avec un taux de réussite de sortie d’à peine plus de 8,5%, Paris est devenu, pour beaucoup d’enseignants, un département-prison.
Enquête
Dans l’éducation nationale, les mutations sont soumises à l’immuable système à points. Chaque année, selon le type d’établissement, l’ancienneté, la situation familiale et personnelle, un enseignant engrange un certain nombre de points, lui permettant ensuite de demand