Roger Chudeau, un «aperçu clair comme de l’eau de roche de ce que serait le Rassemblement national (RN) demain au pouvoir, c’est-à-dire incompétent, grossier, mensonger et raciste» : les mots sont de Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Education, ciblée jeudi par le député RN sur l’antenne de BFMTV. Le «M. Education» du parti d’extrême droite, qui se rêve en locataire de la rue de Grenelle, a jugé que c’était une «erreur» que la «Franco-Marocaine» (c’est ainsi qu’il désigne Najat Vallaud-Belkacem) ait été ministre, «pas une bonne chose pour la République», estimant que «les postes ministériels doivent être détenus par des Franco-Français». Un énième exemple de la matrice xénophobe du parti de Marine Le Pen, qui s’est déclarée dans la foulée «estomaquée» par la sortie du parlementaire.
Tout cela ne surprend guère Najat Vallaud-Belkacem, en déplacement à Montargis (Loiret) pour y rencontrer, en compagnie de plusieurs personnalités du Nouveau front populaire, Divine Kinkela, cette aide-soignante noire victime d’insultes racistes proférées par des sympathisants du Rassemblement national dans un reportage d’Envoyé Spécial. Marine Le Pen «estomaquée» ? «Est-ce que vous avez envie d’entendre un parti qui tous les jours essaie de laver à grande eau la réalité nauséabonde de ce qu’il est, réagit l’ancienne ministre socialiste auprès de Libération. Il n’est construit que sur le rejet de l’autre, dans un sens très extensif.»
«NVB», qui dit être dotée de la «carapace» pour faire face à ce genre d’attaques, espère que cette énième sortie raciste d’un candidat RN ouvrira les yeux à une partie de l’électorat : «D’une certaine façon, Roger Chudeau nous rend service. C’est ça, ce que vous voulez demain au pouvoir ?» Et de développer : «Ça se traduit à mon endroit aujourd’hui. Mais ça se traduira dans toutes les strates de la société. Par exemple, dans le domaine de l’éducation, ça pourra aller jusqu’à reprocher à un enseignant son origine pour remettre en cause son autorité. Ou dans l’hôpital public, en réclamant qu’on ne soit pas aussi souvent soigné par des soignants d’origine étrangère. C’est ça qui nous attend : on se réveille ?»