«Je m’appelle Murielle Magellan, mais c’est un pseudonyme. Mon vrai nom est Dbjay.» Elle l’écrit au tableau. Devant la classe de seconde du lycée Charles-de-Gaulle de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la réalisatrice et romancière raconte venir d’une famille juive berbère, de la ville algérienne de Bejaïa, en Kabylie. Son nom compliqué est dû à une erreur de l’employé d’état civil de la commune alors appelée Bougie, lorsque son ancêtre, qui parlait arabe mais ne savait écrire qu’en hébreu, est venu se déclarer. Attentifs, les élèves boivent ses paroles, semblant se représenter le fonctionnaire plein de dédain colonial froncer les sourcils et écrire Dbjay, avant de passer au suivant.
Au tour de Cécile Ladjali, avec qui elle intervient depuis plusieurs années dans les lycées pour faire réfléchir les élèves sur l’identité, question qui résonne avec l’actualité et peut être source de tensions. «Je m’appelle Cécile Ladjali. Quelqu’un connaît l’origine de ce nom ?». «Kabyle, répond Youcef. Mon père est kabyle, ma mère, une pure Française.» La «femme de lettres française», comme le dit sa page Wikipédia, à l’œuvre prolifique (une dizaine de romans, de pièces de théâtre, d’essais), descend elle aussi d’une lignée mixte. Son père, Rabia – devenu Robert en émigrant en France –, a épousé Jeanine Redon, qui était «très belle, blonde aux yeux bleus». Les élèves sont intrigués : se peut-il que la lignée de cette dame aux cheveux noir de jais, deux peti