La nuit est tombée, il est 18 heures, les élèves sont partis, le calme est revenu. Enfin presque. Au deuxième étage de l’école élémentaire Richomme, au cœur du quartier populaire de la Goutte-d’Or, dans le XVIIIe arrondissement parisien, deux enfants sont encore là. Aurélie (1) et Noé (1), 7 et 5 ans, filent à toute allure à trottinette dans le couloir. Sur le même palier, se trouve le logement de fonction de l’établissement où ils s’apprêtent à passer leur deuxième nuit avec leurs parents, sur des matelas en mousse. Au chaud, enfin. Avant que l’électricité ne soit rétablie dans cet appartement, la famille, arrivée de l’île Maurice il y a près d’un an, dormait depuis dix jours à l’étage du dessus, dans la salle de musique, sans chauffage ni eau chaude. C’était toujours mieux que de passer ses nuits dehors sous une tente comme les jours précédents, faute de place en hébergement d’urgence et ce malgré les appels quotidiens au 115, le numéro du Samu.
Alerté, Maxime Tesnière, directeur de l’établissement où est scolarisée Aurélie, a tout de suite répondu aux parents : «C’est ouvert ici.» Il commence à avoir l’habitude : c’est la troisième famille sans abri qui dort dans son école depuis la rentrée de septembre. La première fois c’était un couple avec leurs quatre enfants, dont un bébé de deux mois à peine et une mère à bout. «La directrice de l’école où étaient scolarisés deux de leurs petits m’a dit qu’elle hébergeait déjà des familles. Moi j’avais de la place, alors j