La rentrée scolaire 2024 s’annonce mouvementée pour les lycéens. Elle sera placée sous le signe d’une réflexion sur leur orientation plus précoce qu’auparavant. Avec son ouverture mercredi 20 décembre, le site d’orientation Parcoursup a dévoilé ses nouveautés. Désormais, les lycéens auront la possibilité de s’inscrire sur la plateforme dès la seconde. Un décret publié fin novembre acte par ailleurs l’obligation de réaliser un stage d’une à deux semaines, également en première année de lycée, au mois de juin.
Officiellement, l’accompagnement à l’orientation est une obligation légale inscrite dans le code de l’éducation. Le volume horaire n’est toutefois pas défini dans les textes de loi. Des précisions se trouvent dans le «cadre national de référence». Ce dernier n’a toutefois pas de portée contraignante pour les établissements. Pour chaque «niveau de scolarité», 54 heures sont dédiées à l’orientation. Ce chiffre est donné «à titre indicatif» et concerne les lycées généraux et technologiques. A propos du baccalauréat professionnel, ce même document évoque 105 heures qui «peuvent être mobilisées» pour les secondes, 98 heures pour les premières et 91 heures pour les terminales.
Des heures informelles
Depuis une loi de 2018, la compétence de l’accompagnement à l’orientation est partagée entre deux acteurs : les régions et l’Etat. Les premières se chargent «d’organiser des actions d’information […], sur les métiers et les formations». C’est notamment le cas des salons de l’orientation. L’Etat conserve quant à lui «une compétence pleine et entière dans la définition, au niveau national, de la politique d’orientation». Il continue «d’affecter les élèves» via la plateforme Parcoursup notamment.
Tribune
Or, ce temps dédié à l’orientation n’est pas explicitement mentionné dans les «dotations horaires globales», explique Béatrice Laurent, secrétaire nationale du syndicat enseignant Unsa. Il s’agit d’une enveloppe annuelle attribuée à chaque établissement pour assurer les cours obligatoires voire facultatifs, sous condition d’une bonne gestion du temps accordé. «A minima, les élèves bénéficient de renseignements donnés par les professeurs principaux de chaque classe», dans le cadre des heures de cours classiques, nuance Béatrice Laurent. Ces informations restent toutefois très généralistes et ne portent pas sur les projets professionnels de chacun.
La plupart du temps et lorsqu’elles sont réalisables, ces heures sont mises en place de manière informelle, sous l’aval du chef d’établissement, comme en témoignent le proviseur d’un lycée d’Ile-de-France ainsi qu’un professeur d’un établissement breton. Ces moments peuvent prendre la forme de «temps forts» avec, par exemple, l’intervention d’étudiants qui expliquent comment fonctionne leur filière.
Accompagnement à géométrie variable
Les professionnels de l’éducation dans les lycées peuvent également prendre davantage de responsabilités en devenant le référent orientation de leur établissement et toucher des indemnités annuelles. C’est le cas de Fabien Quinio, qui a accepté de porter cette nouvelle casquette en plus de celle de professeur principal de terminale dans un lycée à Morlaix (Finistère). L’enseignant est rémunéré pour son accompagnement à l’orientation grâce au pacte enseignant. Chaque «mission» lui rapporte 1 250 euros bruts annuels supplémentaires.
Interview
L’information et l’accompagnement à l’orientation se font à géométrie variable, comme en témoignent deux lycéens. «Je trouve que je suis suffisamment informé pour mon projet d’avenir et que j’ai un bon accompagnement en matière d’orientation», reconnaît Louis, élève en terminale, dans le privé, au centre-ville de Lorient (Morbihan). «Dans l’ensemble, mon établissement fait un bon travail. Je n’ai pas grand-chose à proposer pour améliorer les choses», poursuit celui qui souhaite intégrer Sciences-Po.
«Pas dans les détails»
Le point de vue de Zine-Eddine diffère complètement. Elève de terminale dans un lycée public en banlieue de Lyon (Rhône), il dénonce un manque de moyens : «On est censé avoir des rendez-vous individualisés par des conseillères d’orientation mais elles sont très peu disponibles.» Il évoque toutefois des heures d’orientation régulières faites en classe entière, mais qui restent vagues. Zine-Eddine sait ce qu’il veut faire : des sciences politiques ou du journalisme. Il regrette qu’on «ne rentre pas dans les détails» pour chaque élève, notamment envers ceux qui sont perdus dans leur choix d’orientation.
Tout comme le responsable d’établissement parisien, Fabien Quinio se réjouit d’une «dynamique positive» dans la prise en charge de l’orientation, évoquant par exemple par le dédoublement des professeurs principaux en classe de terminale en 2018, qui a été généralisé par le ministre de l’Education de l’époque, Jean-Michel Blanquer, permettant de leur dégager plus de temps. Mais là encore, la bonne application de cette mesure est conditionnée «aux ressources humaines» du lycée, alors que les professeurs manquent.