Encore un peu de réflexion et de stress pour les élèves de terminale et étudiants en réorientation. Ils ont jusqu’à ce mardi minuit pour formuler leurs souhaits sur Parcoursup, la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur. Ce sont 10 vœux maximum et 20 sous-vœux parmi toutes les formations reconnues par l’Etat, qu’ils doivent déposer, sans avoir à les classer. Ils ont cependant jusqu’au 7 avril pour peaufiner leurs lettres de motivation et dossiers de candidature.
Chaque année, le destin universitaire de centaines de milliers de lycéens et autres jeunes en réorientation dépend de Parcoursup. Au terme de son édition 2021, 590 000 des 635 000 bacheliers participant à la procédure ont reçu au moins une proposition d’admission, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle correspondait à leur premier choix. En outre, plusieurs milliers de candidats ont soit complètement quitté la plateforme pour suivre des voies d’admission post-bac parallèles, soit saisi une commission d’accès à l’enseignement supérieur (Caes) faute de proposition d’admission satisfaisante.
Cette année, les premières réponses seront envoyées aux candidats à partir du 2 juin, et jusqu’en septembre. Cette durée fait partie des critiques des syndicats et spécialistes du sujet à l’encontre de cette plateforme d’admission post-bac créée il y a quatre ans. «C’est une procédure qui s’étale sur plusieurs mois et qui crée un certain nombre de difficultés», notamment «pour les étudiants qui n’ont pas la possibilité d’attendre jusqu’à l’été pour se décider», souligne Julien Grenet, directeur de recherche au CNRS et coauteur d’une étude de l’Insee sur Parcoursup.
«Surbooking»
Si beaucoup reconnaissent des progrès par rapport à APB - notamment la fin du tirage au sort, la création de quotas de boursiers ou les informations sur les formations fournies par la plateforme -, pour Hervé Christofol, membre du bureau national du syndicat Snesup-FSU, «il faut abandonner le non-classement des voeux, qui a créé une réelle mise sous tension des formations, et a pour conséquence de faire du surbooking». Selon lui, il faudrait «créer de nouvelles places pour supprimer la sélection».
Les formations qui ont plus de candidats que de places proposées classent en fonction du dossier. Les élèves «se demandent comment ils ont été évalués, il y a un gros sentiment d’injustice», indique Alban Mizzi, doctorant en sociologie et spécialiste de Parcoursup. «La procédure est longue, stressante, opaque».
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Des candidats à la présidentielle la fustigent, plusieurs à gauche proposant de le supprimer. «J’abrogerai Parcoursup, cette ignominie», a lancé début mars le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Quelques mois avant, il avait évoqué un «brise-vocation». Le candidat communiste Fabien Roussel, qui veut aussi «y mettre fin», a qualifié Parcoursup de «Koh Lanta de l’orientation professionnelle, mais sans totem d’immunité».
Anne Hidalgo souhaite aussi voir cette plateforme disparaître, «pour rétablir l’accès équitable des lycéens français à l’enseignement supérieur», tout comme l’écologiste Yannick Jadot, pour qui «ce système d’une boîte noire qui définit votre avenir, c’est insupportable». Pour «éviter les délits d’initiés en matière d’orientation», la candidate de droite Valérie Pécresse affirme de son côté qu’elle «rendra aussi transparents et accessibles les algorithmes locaux de Parcoursup».
Emmanuel Macron a, lui, vanté la «formidable réussite» de Parcoursup, avec «des résultats plus performants» que le système précédent Admission Post-Bac (APB), très critiqué. Il a ajouté toutefois qu’il faut «poursuivre le travail d’amélioration de l’orientation qu’a initié» la plateforme.