Environ douze millions d’élèves reprennent lundi le chemin des classes, avec leur lot de nouveautés. Certaines mesures sont appliquées dès septembre, d’autres entreront en vigueur plus tard. Mais dans un climat politique incertain, rien ne dit que tout survivra à un éventuel changement de ministre. Passage en revue de ce qui change pour l’éducation.
Réforme de la formation initiale
C’est le chantier le plus lourd, qui doit entrer en vigueur en 2026. A la fin de cette année universitaire, le concours d’enseignant sera organisé en fin de licence (bac + 3) pour tous, futurs professeurs des écoles comme du secondaire. Les admis poursuivront leur formation avec deux années de master rémunérées avec le statut d’élèves fonctionnaires : douze semaines de stages sur le terrain en première année, puis responsabilité d’une classe à mi-temps en deuxième. Une nouvelle licence «professorat des écoles» sera proposée à ceux qui se destinent au primaire : elle ne sera pas obligatoire, mais donnera des épreuves allégées au concours par rapport à une licence classique. L’objectif est de rendre le parcours plus lisible et plus attractif, alors que la crise de recrutement persiste. Mais le financement, comme le contenu exact de la formation, reste incertain et les syndicats dénoncent un parcours «au rabais».
Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle : enfin un cadre
Vingt ans après la loi de 2001, l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) devient un programme structuré. Trois séances annuelles sont prévues, de la maternelle à la terminale, dans les établissements publics comme privés, avec des contenus adaptés : connaissance du corps et consentement en primaire, puberté en début de collège, sexualité abordée comme telle à partir de la quatrième, et jusqu’en terminale des thèmes comme le numérique, l’homophobie ou l’égalité de genre.
Longtemps restée lettre morte faute de cadrage, la mesure était réclamée par la communauté éducative. Elle suscite l’hostilité des milieux conservateurs, qui ont tenté de la faire annuler devant le Conseil d’Etat. Reste désormais à faire appliquer ces séances qui ne bénéficient d’aucune heure fléchée. La ministre de l’Education nationale a demandé dans chaque établissement, et pour tous les niveaux, la tenue d’une réunion d’information avec les parents d’élèves en début d’année pour «lever toutes les fausses nouvelles» et «rassurer», a-t-elle précisé dans le Parisien.
Santé mentale
La santé mentale des élèves figure aussi parmi les priorités affichées. Dès cette année, un conseiller dédié à la santé mentale doit être désigné dans chaque département, a annoncé Elisabeth Borne lors de sa conférence de presse mercredi 27 août. La ministre assure aussi que tous les personnels éducatifs seront formés, en lien avec les professionnels de santé et les familles. Autre annonce : une formation doit être proposée à partir de janvier aux élèves volontaires, à commencer par les quatrièmes et les secondes pour «apprendre à repérer les signaux de mal-être, et à les relayer aux professionnels de santé ou de vie scolaire». Des promesses qui se heurtent à un déficit criant de personnels médicaux et sociaux dans l’éducation nationale. Pour y parvenir, Elisabeth Borne assure demander des postes supplémentaires.
Portables et droit à la déconnexion
La mesure «portable en pause», testée l’an dernier dans une centaine d’établissements, doit être généralisée dans les collèges d’ici à décembre. Concrètement, les téléphones seront déposés dans des casiers, pochettes ou mallettes. Chaque chef d’établissement doit fixer les modalités, en lien avec les départements qui financent les collèges. Mais plusieurs préviennent déjà ne pas avoir les moyens financiers de payer le matériel nécessaire.
Nouvelle règle aussi pour les espaces numériques de travail (ENT) et Pronote : plus de notifications ni de mises à jour après 20 heures, ni le week-end, afin de garantir un minimum de droit à la déconnexion.
Le bac et le brevet revus
Les épreuves terminales du brevet compteront désormais pour 60 % de la note finale, contre 50 % aujourd’hui. Le contrôle continu sera réduit à 40 %, basé sur les notes de troisième et non plus sur une évaluation de compétences. Comme prévu, il n’y aura pas de brevet obligatoire pour passer en seconde.
Elisabeth Borne a annoncé vouloir réformer le contrôle continu du bac pour «diminuer la pression sur les élèves» et «refléter plus fidèlement leur niveau». Concrètement, dès cette rentrée, toutes les notes ne compteront plus : seules certaines évaluations dites «certificatives» (devoirs communs, examens blancs, contrôles jugés significatifs) seront intégrées dans la moyenne du bac et transmises à Parcoursup. Les autres, qualifiées de «pédagogiques», resteront visibles par les familles mais ne pèseront pas dans la note finale. L’idée est d’éviter que chaque évaluation du quotidien ne joue sur la note finale du bac et l’orientation, source d’anxiété pour les élèves.
Par ailleurs, le bac de maths fait son retour en première générale et technologique, avec une épreuve anticipée en juin 2026. Supprimées du tronc commun en 2019, les maths avaient refait surface à la rentrée 2023 sous la forme d’une heure et demie hebdomadaire pour les élèves de première qui n’avaient pas choisi cette spécialité et sur laquelle ils étaient notés en contrôle continu. Nouvelle étape, en 2026, tous passeront une épreuve anticipée d’une durée de deux heures, coefficient 2 (le grand oral passera d’un coefficient 10 à 8 en voie générale).
Dans la voie professionnelle, les épreuves du bac sont repoussées de quinze jours, après le chaos provoqué en fin d’année par le nouveau «parcours en Y» en terminale bac pro (soit six semaines en fin d’année, après les épreuves écrites de mai, pour préparer soit l’entrée dans la vie active, soit la poursuite d’études). Objectif : donner plus de temps de préparation pour le bac aux élèves, quitte à réduire le parcours de six à quatre semaines.
Classes à horaires aménagés maths et sciences
Pour enrayer le décrochage des filles dans les filières scientifiques, un plan spécifique est lancé. Il prévoit des classes à horaires aménagés en maths et sciences dès la quatrième dans plusieurs académies pilotes avec au moins 50 % de filles dans les effectifs. En 2026, une classe de ce type sera ouverte par département. Objectif affiché : atteindre la parité en terminale d’ici 2030 (elles sont 42 % aujourd’hui). La ministre a demandé aux recteurs de mettre en place d’ici au 15 septembre des séances de sensibilisation sur les stéréotypes de genre à tous les personnels des établissements scolaires.
Orientation : quatre demi-journées obligatoires
Dès la cinquième, tous les collégiens et lycéens bénéficieront de quatre demi-journées annuelles dédiées à l’orientation. Visites d’entreprises, forums, salons… le dispositif doit mieux préparer aux choix de parcours. Trente mille professeurs principaux de troisième doivent par ailleurs recevoir une formation spécifique dès cet automne.
Nouveaux programmes et tests de sport
Les programmes de français et de mathématiques changent de la maternelle à la sixième, avec un accent particulier mis sur l’écriture. En cinquième, des évaluations nationales deviennent obligatoires. En cours d’éducation physique et sportive (EPS), les élèves de sixième passeront désormais des tests de forme physique (endurance, force, vitesse), généralisant une expérimentation menée en 2024.
Intelligence artificielle
L’an dernier, la ministre avait annoncé un module obligatoire en quatrième en seconde et en première année de CAP sur l’intelligence artificielle. Cette année, elle assure vouloir aller plus loin en proposant aux enseignants une IA à leur disposition d’ici le printemps pour les aider qui à «débroussailler» les préparations de cours ou à mieux comprendre difficulté d’apprentissage des élèves.
Mis à jour à 18 h 20 avec les annonces d’Elisabeth Borne lors de sa conférence de presse de rentrée.