Chaque année, plus de 8 milliards d’euros d’aides sont consacrés aux étudiants par l’Etat. Pourtant, la précarité étudiante atteint un stade alarmant : un baromètre publié lundi 29 septembre par l’association Cop1 souligne que «deux étudiants sur trois déclarent avoir déjà sauté un repas par manque d’argent». Pour lutter contre ce phénomène, deux parlementaires proposent dans un rapport 22 recommandations pour rendre le système d’aides aux étudiants plus juste et redistributif.
«Le système des bourses n’est plus du tout adapté»
Les auteurs de ce rapport transpartisan, la députée communiste Soumya Bourouaha et l’ex-député macroniste Jean Laussucq – déclaré inéligible en juillet pour rejet de ses comptes de campagne – ont présenté leurs propositions devant le comité d’évaluation et de contrôle de l’Assemblée nationale mercredi 1er octobre.
Parmi celles-ci, une mesure d’urgence : la revalorisation annuelle des bourses, avec un barème indexé sur l’inflation. Selon Soumya Bourouaha, jointe par Libération, le système «n’est plus du tout adapté». Pour rappel, cette aide n’est versée qu’en dix mensualités, de septembre à juin, et comprend huit échelons. Son attribution se fait sur critères sociaux et dépend notamment des revenus des parents de l’étudiant. «S’ils sont augmentés de ne serait-ce qu’un euro, cela peut faire changer d’échelon l’étudiant, voire lui faire perdre complètement sa bourse», relève l’élue communiste, qui met en cause «la non-indexation sur l’inflation». Elle relève une baisse inquiétante du nombre de bénéficiaires, qu’elle attribue à ce système d’aides «devenu compliqué, inégalitaire et surtout insuffisant» : «On était à 750 000 boursiers en 2020. En 2024, on en compte 677 200.» Au total, ils sont 23 % à en bénéficier d’après le rapport – les étudiants étrangers ne peuvent y prétendre.
Objectif réforme
Autre mesure phare proposée par les auteurs : l’annualisation du versement de la bourse sur critères sociaux. A l’heure actuelle, les étudiants ne perçoivent pas la bourse sur la période juillet-août. «Ils ont pourtant des frais, particulièrement ceux qui conservent leur logement et doivent payer un loyer», constate Soumya Bourouaha.
Les étudiants sans ressource sont donc contraints de travailler pendant cette période, là où les plus favorisés peuvent mettre ce temps à profit pour effectuer des stages, creusant un peu plus les inégalités dans l’enseignement supérieur. Ils étaient 26 % des jeunes interrogés à déclarer travailler l’été en 2020, selon l’Insee.
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Parmi les dépenses les plus lourdes pour les étudiants, le logement : une fois leur loyer payé, 49 % des interrogés par Cop1 déclarent avoir un reste à vivre de moins de 100 euros. Pour alléger cette dépense, les auteurs du rapport proposent d’étendre le dispositif d’encadrement des loyers à toutes les métropoles françaises, et de supprimer le mois de carence des aides au logement pour les étudiants.
La députée communiste ambitionne de présenter prochainement certaines recommandations du rapport sous forme de propositions de loi, à l’occasion d’une semaine transpartisane à l’Assemblée nationale. Une réforme du système des bourses, très attendue, a été maintes fois reportée en raison des changements de gouvernement successifs. La dernière réforme date de 2023 et avait revalorisé le montant de ces aides de 500 millions d’euros, sans suffire à endiguer la paupérisation des étudiants.