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Justice

Près de Dijon, le collégien qui a menacé sa principale d’un couteau mis en examen et placé en détention provisoire

En garde à vue depuis vendredi après-midi pour avoir menacé la principale de son collège, l’élève de 15 ans a été présenté ce dimanche 17 mars à un juge d’instruction.
Le collège Edouard-Herriot de Chenôve (Côte-d'Or). (Google steet view)
publié le 15 mars 2024 à 21h02
(mis à jour le 17 mars 2024 à 20h47)

L’élève de 15 ans arrêté vendredi après avoir menacé d’un couteau la principale d’un collège de la banlieue de Dijon a été mis en examen et placé en détention provisoire ce dimanche 17 mars au soir. Le mineur, «décrit comme difficile» mais qui ne présente d’antécédent judiciaire que «pour des faits de dégradations volontaires», a été déféré dans la journée devant un juge dans le cadre d’une information judiciaire pour «tentative d’homicide volontaire sur un enseignant, personne chargée de mission de service public ; violences volontaires avec arme, dans établissement scolaire et sur personnes chargées d’une mission de service public ; menaces de crimes ou délit contre les personnes sur enseignant ou membre des personnels travaillant dans les établissements d’enseignement scolaire ; intrusion dans un établissement scolaire avec arme», a précisé le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch. «Le mineur mis en cause a été mis en examen pour l’intégralité des infractions reprochées et placé en détention provisoire», a déclaré par communiqué ce dernier dans la soirée.

Lors de sa garde à vue, entamée vendredi après-midi, le mineur «n’a jamais contesté les faits» mais a «toutefois donné deux explications très différentes» de ses actes, a précisé le procureur en conférence de presse. L’élève a d’abord indiqué qu’il avait voulu «planter» sa professeure d’anglais, cours dont il avait été exclu, avant de se raviser car, a-t-il dit, c’était «trop grave». Il a alors dit avoir décidé de la prendre en otage, mentionnant les attentats de novembre 2015, «pour donner du crédit à son projet».

Mais plus tard, toujours en garde à vue, le mis en cause affirmait avoir été «recruté par des connaissances pour tuer [sa professeur d’anglais] et trois autres membres [du collège]». Il a affirmé qu’il aurait dû être rémunéré pour ces faits. Ces déclarations ne sont néanmoins «corroborées par aucun élément et pourraient être en lien avec une volonté de se donner de l’importance, ce qui a été confirmé par un expert psychiatre», a ajouté le procureur Olivier Caracotch. Ainsi «le parquet antiterroriste accorde un crédit très relatif à cette dernière version».

Même si elle a estimé que le mis en cause était responsable de la commission de ses actes, l’expertise psychiatrique a révélé «un certain nombre de failles ou de difficultés» mentales, toujours selon le procureur.

«Sanctuaire inviolable»

Selon le rectorat samedi, «huit personnels du collège et huit élèves, des témoins directs», se sont rendus dans la matinée à la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) installée au collège Edouard-Herriot de Chenôve. Elle doit être remplacée lundi matin par une cellule d’écoute au sein de ce collège de 330 places en quartier sensible, où les élèves seront reçus dès 10 heures par leurs professeurs principaux avant une reprise des cours à 11 heures. Deux personnels de sécurité supplémentaires seront présents.

L’agression a eu lieu peu après 15 heures vendredi. L’élève de 15 ans est allé menacer la responsable de l’établissement avec un couteau. Celle-ci a réussi à fuir son bureau, permettant ainsi le déclenchement de l’alarme intrusion, a retracé le recteur de l’académie de Dijon, Pierre N’Gahane. La police, qui intervenait à proximité, a pu arrêter «très rapidement» l’élève de troisième. La ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet, a «condamné avec la plus grande fermeté» ces menaces, «saluant le courage et le sang froid» de la principale. «Je l’ai personnellement assurée de mon soutien ainsi que de celui de mon administration, a-t-elle ajouté. Pour toutes les menaces qui seront proférées à l’encontre des personnels, je demande que les sanctions les plus fermes soient prises afin que l’école demeure un sanctuaire inviolable.»

L’adolescent a été placé en garde à vue dans une enquête pour «menaces de mort, violences dans un établissement scolaire et intrusion d’une arme dans un établissement scolaire», a indiqué le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch, qui ne retient pas la qualification terroriste à ce stade.

«L’alarme intrusion a bien fonctionné»

L’élève a cependant remis «une lettre» à la principale, lors du rendez-vous menaçant, dans lequel sont évoqués les attentats de 2015 dans la région parisienne, a précisé le recteur. L’adolescent avait demandé rendez-vous avec la principale du collège Edouard-Herriot de Chenôve, après son exclusion de l’établissement pour des problèmes de discipline. Il avait déjà été exclu d’une autre école avant d’être admis dans ce collège, selon le recteur.

Après avoir menacé la principale, il a tenté de rejoindre sa classe mais cette dernière était confinée, comme l’ensemble de l’établissement, ainsi que le veut la procédure après le déclenchement d’une alarme intrusion. La porte de la classe étant fermée, l’élève est resté dans le couloir avant d’être finalement interpellé.

L’établissement de 330 élèves a été évacué. Il est situé dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), visant à compenser les écarts de niveau de vie avec le reste du territoire. Le président du conseil départemental de Côte-d’Or, François Sauvadet (UDI), a «témoigné toute [sa] solidarité à la principale du collège, victime de cette menace au couteau», remerciant les forces de l’ordre pour leur intervention «extrêmement rapide». «L’alarme intrusion a bien fonctionné suite à son déclenchement, ce qui montre que l’effort entrepris depuis des années par le département pour sécuriser nos collèges permet parfois d’éviter le pire», s’est-il félicité.

Mise à jour : actualisation ce samedi 16 mars à 16 h 35 avec la garde à vue prolongée de l’adolescent ; actualisation ce dimanche 17 mars à 18 h 20 avec la présentation du mineur à juge d’instruction en vue de sa mise en examen ; ajout à 20 h 50 de la mise en examen et du placement en détention provisoire du mineur.