Les concours de l’enseignement du secondaire ne font plus le plein. Les résultats du Capes, publié ce 2 mardi juillet, montrent que 12,3 % des postes de l’enseignement du second degré n’ont pas été pourvus en 2024. Les étudiants fuient les bancs du concours. A la question des salaires s’ajoute celle des conditions de travail, peu attractifs. De quoi transformer le choc des savoirs en choc du désintérêt pour les jeunes. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, décrypte ces résultats pour «Libération».
Pourquoi moins de postes ont-ils été pourvus aux concours du Capes 2024 ?
Cela fait plusieurs années que tous les postes ne sont pas pourvus au concours du Capes. Cette année, 635 postes d’enseignants dans le secondaire ne sont pas pourvus sur les 5122 places disponibles. C’est un peu moins qu’en 2023 : 863 postes sur 5200 places, mais les concours ne font plus le plein à cause des salaires et des conditions de travail peu attrayantes. Les derniers gouvernements nous ont promis un choc d’attractivité, mais nous ne l’avons jamais vu. La preuve est dans les chiffres.
Pourquoi les mathématiques, la physique-chimie, ou encore les lettres modernes font partie des matières avec le plus de postes perdus ?
Ce sont des disciplines en concurrence avec le secteur privé et d’autres métiers à bac +5 plus attractifs. Aujourd’hui, les étudiants en master mathématiques ou en physique-chimie préfèrent se diriger vers l’ingénierie plutôt que le professorat. En lettres modernes, les étudiants choisissent les métiers de la communication. Emmanuel Macron avait promis une augmentation de 10 % pour tous les enseignants en 2023 qui n’a pas été attribuée à tous. Il y a beaucoup de paroles, mais peu de faits.
Pour redonner son attractivité à la profession d’enseignant, il faut revaloriser les salaires et diminuer les effectifs dans les classes. La France détient un triste record : le plus grand nombre d’élèves par classe au collège en Europe. L’urgence est de recruter.
Quelles peuvent être les conséquences de ces résultats sur le «choc des savoirs» et des groupes de niveaux, la réforme de Gabriel Attal ?
Gabriel Attal avait promis des emplois supplémentaires pour ces nouvelles classes de niveau. Il ne va clairement pas y avoir assez de professeurs. En avril, Nicole Belloubet, la ministre de l’Education nationale, a décidé de faire appel aux enseignants retraités pour qu’ils enseignent quelques heures dans les collèges et lycées le français et les mathématiques. L’Education nationale est la plus grande enseigne de bricolage de France. Pour mettre en place une réforme, le ministère doit appeler des retraités ou passer des petites annonces sur Pôle Emploi afin de recruter des contractuels…