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Libération
Pénurie

Rentrée scolaire : plus de la moitié des collèges et lycées sont concernés par le manque d’enseignants

Il manque des professeurs dans 56 % des collèges et lycées, selon une enquête du Snes-FSU publiée vendredi 6 septembre. Les académies de Versailles, Lyon, Nantes et Créteil sont les plus touchées.
En plus des enseignants, les accompagnants d’élèves en situation de handicap et les assistants d’éducation manquent aussi dans les classes. (Peter M. Fisher/Getty Images)
par Jeanne Koskas
publié le 6 septembre 2024 à 12h23

Des professeurs devant les classes «dans l’immense majorité des situations» : c’est ce qu’avait promis la ministre démissionnaire de l’Education Nicole Belloubet le jour de la rentrée. En réalité, il manque des enseignants dans plus de la moitié des collèges et lycées, dans 56 % d’entre eux exactement, selon une enquête menée par le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, sur un échantillon de 893 établissements entre le 30 août et le 5 septembre, et dévoilée ce vendredi 6 septembre. «Cette enquête confirme ce qu’on pressentait déjà, à savoir qu’il n’y a pas un professeur devant chaque classe à la rentrée», a déclaré à l’AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat.

Parmi les académies les plus touchées, on trouve celles de Versailles et Lyon, avec respectivement 72 % et 68 % des établissements dans lesquels il manque au moins un professeur, ainsi que l’académie de Nantes (65 %) et de Créteil (63 %). «La situation peut être différente selon les académies, mais il y a quand même une constante : c’est que dans toutes les académies, il manque des professeurs, relève Sophie Vénétitay. Ça montre que la crise de recrutement est bien enracinée, et qu’il va falloir des mesures urgentes et non pas bricoler, comme le fait le ministère de l’Education nationale», poursuit-elle. Le bricolage en question : le ministère a lancé son propre site de recrutement pour pallier le manque de profs. Il affiche actuellement 1 650 petites annonces de recrutement de professeurs du second degré. Il en affichait 1 301 le 1er septembre au matin. Le nombre d’annonces a donc augmenté depuis la rentrée des élèves. Déjà au printemps, plus de 3 000 postes n’ont pas trouvé preneurs aux concours du premier et du second degré.

En ce qui concerne les disciplines, le Snes-FSU constate «un grand nombre de postes de professeurs de français non pourvus, mais également [de] maths et dans une moindre mesure, de langues vivantes, technologie, écogestion». La pénurie touche aussi d’autres personnels d’éducation : il manque au moins un accompagnant d’élèves en situation de handicap dans 17 % des collèges et lycées, et dans 15 % pour les assistants d’éducation.

Les absences ponctuelles pendant la semaine de rentrée ont été exclues du champ de l’enquête, qui s’est penchée que sur les postes fixes, les blocs de moyens provisoires à l’année et les remplacements de congés longue durée. Il s’agit donc de remplacements prévisibles, et ces postes à l’année ne sont pas pourvus. «A ce stade, rien n’assure que les remplacements en cours d’année seront assurés», anticipe le syndicat.

Pour les syndicats de professeurs, la crise d’attractivité du métier est l’une des «urgences structurelles» du secteur. «L’école est à un point de bascule et nécessite des mesures d’urgence articulées à des mesures structurelles de long terme», alerte Snes-FSU.