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Petite enfance

Rouen : une crèche visée par des accusations de maltraitance

Selon une enquête de France Bleu Normandie, parue ce mercredi 10 avril, plusieurs parents et anciens employés de la crèche «les Malicieux de Beauvoisine» y dénoncent des faits de maltraitance depuis plusieurs mois.
Illustration dans une crèche lyonnaise. (Antoine Boureau/Hans Lucas. AFP)
publié le 10 avril 2024 à 12h50
(mis à jour le 10 avril 2024 à 14h30)

Enfants violentés, blessures non signalées, manque de nourriture. Dans la micro-crèche «les Malicieux de Beauvoisine», dans le centre-ville de Rouen, la liste de faits de maltraitance est longue, selon une enquête de France Bleu Normandie, parue ce mercredi 10 avril. Si deux contrôles ont été réalisés après six signalements à la Protection maternelle et infantile (PMI) de la part de plusieurs parents et d’anciens salariés de l’établissement, rien n’a changé depuis.

Interrogée par France Bleu, la mère d’une enfant d’un an, Louison, rapporte avoir été informée que sa fille avait vomi deux fois, sans qu’elle ne soit malade, selon le médecin. Pourtant, pendant deux jours, l’enfant n’est pas «dans son état normal», selon sa mère. La crèche lui expliquera finalement que «c’était une autre enfant qui avait, je cite, “éclaté la tête de ma fille par terre”.» La mère de l’enfant a porté plainte. Sans preuve, celle-ci a été classée sans suite. Néanmoins, la directrice régionale des crèches des Petits Chaperons Rouges, qui chapeaute la micro-crèche, a concédé auprès de France Bleu une erreur du personnel qui n’a pas suivi les procédures.

«Elle l’a prise par les bras, l’a forcée à se coucher puis l’a bloquée dans le lit pour qu’elle ne se lève pas»

Les dénonciations ne fusent pas seulement du côté des parents. Des anciens employés ont également témoigné auprès de France Bleu. Comme cette aide auxiliaire à la petite enfance, qui a «depuis été licenciée» : «A plusieurs reprises, j’ai dû aller faire des courses en catastrophe pour que les enfants puissent manger.» L’ancienne employée fait également état de violences physiques de la part d’une autre auxiliaire. Face à une enfant qui refusait de faire la sieste, sa collègue aurait alors «perdu patience» : «Elle l’a prise par les bras, l’a forcée à se coucher puis l’a bloquée dans le lit pour qu’elle ne se lève pas.» Face à ces signalements, la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités s’est saisie de l’affaire. Le cas de Louison fera l’objet d’une enquête plus approfondie.

Le groupe des Petits Chaperons Rouges, reconnaît auprès de Libération des «dysfonctionnements» survenus en décembre 2023. Il affirme néanmoins que concernant le cas de Louison, il s’agit «d’un accident survenu entre deux enfants (...) l’un ayant heurté le second qui était assis à ce moment-là», avance que «l’ensemble des soins nécessaires ont immédiatement été prodigués», tout en déplorant que «l’information sur cet accident n’ait pas eu lieu auprès des parents», conformément aux exigences et pratiques. La structure assure par ailleurs avoir mené une enquête interne, prévenu la PMI et engagé des procédures disciplinaires à l’égard des professionnelles concernées, avant d’informer «l’ensemble des parents de la crèche des conclusions de l’enquête et des mesures mises en place».

Les Petits Chaperons Rouges indiquent en outre que l’équipe de professionnels a été entièrement renouvelée depuis les faits, «y compris la direction». La nouvelle équipe est accompagnée par une intervenante pédagogique qui intervient une fois par semaine. «Aucun signalement n’a été notifié à la direction de la crèche depuis cet accident.»

Dans un rapport paru il y a un an, l’Inspection générale des affaires sociales dressait un état des lieux détaillé de l’accueil collectif des jeunes enfants, où la pénurie de personnel, le manque de formation et l’absence de contrôle font peser des risques sur le bien-être des tout-petits. Le 25 juillet 2022, une enfant avait été retrouvée «inconsciente» par les pompiers au sein d’un établissement de Lyon, avant de décéder à l’hôpital où elle avait été transportée. Une employée de la crèche avait alors reconnu devant les forces de l’ordre «qu’excédée par les pleurs de l’enfant, elle l’avait aspergé puis lui avait fait ingérer un produit caustique».

Mise à jour : à 14h30 avec la réaction des Petits Chaperons Rouges.