Rester ou partir ? Les parents d’élèves de l’école maternelle Emile-Zola à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) doivent voter jeudi 3 avril pour savoir s’ils souhaitent ou non le déménagement, dès la fin du mois, de l’établissement enclavé dans la cité Arago, l’un des principaux points de deal de cette commune limitrophe de Paris.
«Mettre les moyens pour apporter la sécurité»
Organisée par la municipalité, la votation citoyenne intervient après le jet en décembre d’une bonbonne de protoxyde d’azote dans une fenêtre de l’école alors que des sachets de stupéfiants avaient déjà été retrouvés dans la cour de récréation, probablement jetés par des dealers en fuite, selon le maire de la ville, Karim Bouamrane : «Que font les dealers quand ils se font courser ? Ils balancent leurs sachets un peu partout.» Face à cette situation, l’élu socialiste rappelle que sa «responsabilité est de mettre les moyens pour apporter la sécurité, et pour les enfants, et pour les parents». D’où l’option radicale mise sur la table : celle du déménagement.
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Enclavées au cœur d’une cité, les quatre classes de l’école maternelle pourraient être transférées à quelques centaines de mètres dans les locaux du relais petite enfance et au sein d’un groupe scolaire. Les parents des 60 élèves concernés peuvent opter pour cette «solution transitoire» dès le retour des vacances de printemps et jusqu’à la fin de l’année scolaire, ou attendre une relocalisation pérenne prévue pour la rentrée de septembre. Les services de l’éducation nationale les accompagnent «pour faire en sorte que cela se passe bien pour leur enfant, quel que soit l’endroit où il est scolarisé», a indiqué à l’AFP Sandrine Lair, directrice académique de Seine-Saint-Denis.
«Vous laissez place nette au trafic»
«L’école, à cet endroit-là, était le dernier signe d’un service public, d’une vie citoyenne. […] L’école fermant, ça veut vraiment dire que vous laissez place nette au trafic», déplore le député insoumis Eric Coquerel. Face aux critiques, le maire de Saint-Ouen assure qu’en cas de déménagement de l’école, c’est «une association culturelle d’adultes qui s’installera [à la place], donc il n’y aura pas de recul du service public». «Tous les mètres carrés seront occupés par la puissance publique», assure Karim Bouamrane, qui revendique «la solution de zéro point de deal à Saint-Ouen» via des travaux de rénovation urbaine et un large déploiement de vidéosurveillance.
En 2024, l’université d’Aix-Marseille avait temporairement fermé un de ses sites en raison de l’insécurité et, en juin, la mairie de Nîmes a fermé une médiathèque dans un quartier où deux personnes étaient mortes dans des violences liées au commerce de stupéfiants, dont un enfant de 10 ans.