Dans le couloir de la clinique, tapissé d’exposés de lycéens, une adolescente ferme les yeux, casque sur les oreilles. «N’hésite pas à revenir si tu te sens mieux», lui glisse son professeur d’anglais. Ce matin de mars, Benjamin Delga, détaché du lycée public voisin, donne cours à sept patients-élèves. Tous sont là pour renouer avec une scolarité entravée par leurs troubles psychiques. Le dispositif soins-études de Vitry-le-François, dans la Marne, a ouvert en 2020. Les jeunes y naviguent entre deux bâtiments.
L’un, neuf, aux grandes baies vitrées et ossatures de bois, abrite leur chambre d’internat, une salle commune et un coin télé. Chaque matin, les ados traversent une petite cour pour se rendre en classe ou en soins, dispensés dans le bâtiment d’en face, qui communique avec l’hôpital de la ville. Géré par la Fondation santé des étudiants de France (FSEF) et financé par l’assurance-maladie, l’établissement, à but non lucratif, accueille 44 lycéens de voie générale ou STMG, âgés de 15 à 21 ans et venus de la région Grand Est. Un des treize dispositifs de ce type en France.
«Ça n’allait pas du tout»
Dans le lycée de Marie-Angeline, 18 ans, «ça n’allait pas du tout». «J’avais beaucoup de traitements pour la dépression, je passais les trois premières heures de cours à somnoler», raconte l’élève, inscrite dans une deuxième année de seconde générale. Pierre-Alain, 20 ans, était lui traversé par «des phases d’euphorie et de déprime». Se retrouver au lycée avec «les autres»