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Punition

Soutien aux Palestiniens à Sciences-Po : Valérie Pécresse coupe les financements de la région à l’école

Sciences-Podossier
Trois jours après une journée de mobilisation au sein de l’école, la région Ile-de-France «suspend» ses financements à destination de Sciences Po «tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies», a annoncé ce lundi 29 avril la présidente LR Valérie Pécresse.
Valérie Pécresse lors d'une manifestation (Anna Margueritat/Hans Lucas. AFP)
publié le 29 avril 2024 à 19h14

Valérie Pécresse fait de la politique. Ce lundi 29 avril après-midi, la présidente LR de la région Ile-de-France annonce que la collectivité «suspend» ses financements à destination de Sciences-Po, théâtre d’une mobilisation pro-Gaza sous tension, «tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies». «Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite, et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative», accuse la présidente de droite sur X. Elle a manifestement lu le Figaro, qui estime à la une de ce matin que «Sciences-Po s’incline face à la pression islamo-gauchiste».

Vendredi, une journée de blocage et de mobilisation, émaillée de tensions, s’est tenue à Sciences-Po Paris, en présence de plusieurs députés LFI. En réponse à cette mobilisation, qui fait écho aux contestations agitant de prestigieux campus américains, la direction de Sciences-Po Paris s’est engagée à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. Cette «suspension» de procédures disciplinaires ne concerne pas l’enquête ouverte en mars après une accusation d’antisémitisme, a souligné dimanche la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau.

Un million d’euros sur 200 millions de budget

On est loin d’un tapis rouge déroulé aux manifestants - ils réclamaient notamment de Sciences Po la «condamnation claire des agissements d’Israël» et «la fin des collaborations de l’école avec les institutions ou entités [jugées] complices de l’oppression systémique du peuple palestinien». Mais pour Valérie Pécresse, c’est déjà trop et voilà le robinet coupé. Le soutien régional à Sciences Po comprend un million d’euros «prévu pour 2024 dans le cadre du CPER (contrat de plan État-région)», a précisé à l’AFP l’entourage de Valérie Pécresse. D’autres «crédits de fonctionnement», destinés notamment à la mobilité internationale, prévus «pour le printemps et la rentrée» sont suspendus, a ajouté la même source. L’impact devrait être assez relatif : le budget annuel de Sciences Po s’élève à quelque 200 millions d’euros par an.

Peu après l’annonce de la décision de Valérie Pécresse, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer un certain deux poids deux mesures. Car au moment de la révélation de différentes «dérives» au sein du lycée privé Stanislas, selon un rapport de l‘Inspection générale de l’éducation, la présidente de la région Ile-de-France avait maintenu sa confiance - et sa subvention - à l’établissement. Le rapport faisait état de cours religieux obligatoires, propos homophobes et autre contournement de Parcoursup. La mairie de Paris avait demandé à l’Etat de déconventionner l’établissement privé sauf mise en conformité.

«Un rapport détaille l’homophobie et la misogynie à Stanislas : Mme Pécresse maintient sa subvention. Sciences Po organise un débat : Mme Pécresse annule sa subvention. Scandaleux», s’indigne le sénateur (PCF) de Paris Ian Brossat sur X. «Pourtant vous aviez apporté une subvention de 900 000 euros à Stanislas pour le soutenir dans son appel à la haine des femmes et des LGBTI», répond à Valérie Pécresse le compte officiel NPA sur ce même réseau social. Lequel invite la présidente de la région Ile-de-France à «commence [r] donc par régler les 850 000€ de factures dans les lycées de la région. Les élèves ont besoin de profs, de locaux et de matériel».