Au sujet de Stanislas, épinglé pour sa pédagogie réactionnaire après une enquête administrative, la Ville de Paris demande à l’Etat des «clarifications». En attendant, elle annonce ce mercredi 17 janvier suspendre provisoirement le financement du très sélect établissement privé, où sont scolarisés les enfants de la nouvelle ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra. «Après avoir pris connaissance par voie de presse du contenu d’un rapport d’enquête administrative de l’Inspection générale de l’Education», la mairie «a décidé de suspendre le financement de l’établissement» […] «à titre conservatoire, dans l’attente des clarifications requises de la part de l’Etat», a indiqué l’Hôtel de Ville dans un communiqué.
La Ville de Paris a versé, au titre de l’année scolaire 2022-2023, pour les écoles maternelle, élémentaire et le collège de l’établissement Stanislas un montant de 1 373 905 euros, correspondant aux 483 élèves scolarisés en école maternelle et élémentaire, et aux 1 329 élèves au collège, dans le cadre des règles sur le financement des établissements privés sous contrat par les collectivités. Ce rapport, révélé mardi par Mediapart, rapporte des «dérives» homophobes et sexistes ainsi que de multiples pratiques contraires à la loi.
«Multiples infractions» au Code de l’éducation
En parallèle, Paul Vannier, député LFI de la 5e circonscription du Val-d’Oise, a demandé au Premier ministre, Gabriel Attal, et la ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra, dans une lettre rendue publique ce même mercredi, «la saisie du préfet de région Ile-de-France pour engager la procédure permettant de rompre le contrat d’association liant le Collège Stanislas à l’Etat». Selon lui, le rapport de l’inspection générale de l’Education révélé par Mediapart «nous permet d’affirmer que le Collège Stanislas ne respecte pas de nombreuses obligations légales, viole le contrat d’association garantissant son financement public et porte atteinte aux principes républicains». Et d’ajouter : «Il nous inquiète par ailleurs quant au bien-être des élèves.»
Collège #Stanislas : je demande à @GabrielAttal et à @AOC1978 la rupture du contrat d'association entre l'établissement et l'État ! pic.twitter.com/86xbMqdYk2
— Paul Vannier (@PaulVannierFI) January 17, 2024
Il cite notamment l’obligation faite aux élèves d’assister aux cours de catéchisme, «un prosélytisme religieux, attentatoire à la liberté de conscience» et contraire au code de l’éducation qui prévoit que l’enseignement dispensé dans les établissements sous contrat soit donné «dans le respect total de la liberté de conscience». Il souligne également que selon ce même rapport, «un seul professeur [de SVT] assume de traiter de la contraception en classe de quatrième et troisième». Ainsi, «les programmes de SVT ne paraissent pas enseignés» alors même que le Code de l’éducation prévoit que l’enseignement soit «dispensé selon les règles et programmes de l’enseignement public».
Par ailleurs, la Ville de Paris «s’étonne» que ce rapport d’enquête «n’ait fait l’objet d’aucune transmission officielle aux collectivités qui financent cet établissement, et demande que cette communication ait lieu dans les plus brefs délais». Elle «sollicite également de l’Etat la transmission du plan d’actions consécutif à ce rapport, dont la presse s’est également fait l’écho». Contactée, la mairie de Paris souligne que sera suspendu «le paiement des prochaines échéances» à l’établissement pour l’année en cours, sans plus de détails. «On attend d’une part que l’Etat nous transmette le rapport et d’autre part qu’il nous précise quelles mesures il compte prendre» suite à sa publication.