Entrée dans sa dernière ligne droite, la commission parlementaire sur les violences scolaires, née de l’affaire Bétharram, s’est penchée ce mercredi 21 mai sur les conclusions critiquées du rapport consacré au prestigieux collège privé Stanislas, en questionnant le rôle de l’actuelle numéro deux de l’Education nationale.
Au cours de ces auditions à l’Assemblée nationale, les inspecteurs chargés de l’enquête sur le collège parisien en 2023 ont pointé le rôle joué par Caroline Pascal, l’ancienne cheffe de l’Inspection générale et actuelle numéro deux de l’Education nationale. En cause, l’ajout d’un paragraphe à la lettre de conclusion de la mission destiné à minimiser les faits. Cette lettre de transmission a été ces dernières semaines au cœur d’une polémique.
Dérives homophobes et sexistes
«Il y a eu un ajout» à la lettre de transmission conclusive de la mission à destination du ministre de l’Education nationale d’alors, Gabriel Attal, et «il a été fait par la cheffe de service» Caroline Pascal, a fait savoir Patrick Allal, pilote de la mission au départ avant d’en devenir coréférent et relecteur du projet de rapport. La lettre de transmission a été «modifiée par la cheffe de l’Inspection générale» de l’Education, du Sport et de la recherche, actuelle Directrice générale de l’enseignement scolaire, a également souligné Roger Vrand, pilote de la mission.
L’enquête sur Stanislas, établissement catholique privé sous contrat parisien, avait été commandée en février 2023 par Pap Ndiaye après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse. Le rapport, sévère, rendu en juillet 2023, avait été dévoilé par Mediapart en janvier 2024.
Un paragraphe «dédouanant le collège Stanislas» mis en cause
La commission parlementaire avait décidé d’auditionner les inspecteurs de cette mission après avoir reçu un courrier d’une inspectrice, assurant qu’un paragraphe «lourd de sens et de conséquences, dédouanant le collège Stanislas», avait été ajouté à la lettre conclusive. La commission a ensuite reçu une deuxième lettre d’une autre inspectrice, mettant également en cause ce paragraphe. Celui-ci indique notamment qu’«au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par les articles de presse à partir de témoignages anciens».
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«J’endosse totalement le rapport, mais […] je n’endosse pas cette lettre de transmission, parce qu’elle dit exactement le contraire», a ainsi souligné devant la commission l’inspectrice Annie Dyckmans. «Ça discrédite l’Inspection générale, a-t-elle ajouté. C’est mon intégrité professionnelle qui est remise en cause et c’est très grave.» «Je ne suis pas d’accord» avec cette lettre, a pour sa part renchéri l’inspectrice Françoise Boutet-Waïss.
Le pilote de la mission Patrick Allal a finalement estimé que cet ajout «répondait à une préoccupation du cabinet» du ministre, qui souhaitait avoir des réponses sur les accusations dans la presse. «Mais la lettre, quand on la lit en entier, est fidèle au rapport. Pour moi, il n’y a pas eu de dénaturation», a-t-il jugé.