Tout n’est pas perdu ? «Des évolutions» sont encore possibles lors du «débat parlementaire» sur le budget 2025 de l’Education nationale, où la suppression annoncée de 4 000 postes a outré les syndicats, a indiqué ce dimanche 13 octobre la ministre Anne Genetet dans un entretien à la Tribune dimanche. «Le débat parlementaire n’a pas encore commencé, il peut encore y avoir des évolutions !» observe-t-elle, affirmant s’être «battue pour augmenter les moyens de l’école».
L’annonce jeudi soir par le ministère de la suppression de 4 000 postes d’enseignants pour 2025, principalement en maternelle et en élémentaire (3 155 postes), a scandalisé les syndicats qui ont dénoncé «une véritable saignée» et un «sabordage de l’école publique». Auprès de Libération, la secrétaire générale du SE-Unsa, Elisabeth Allain-Moreno, avait par exemple fustigé un «sacrifice pur et simple de l’école au nom des restrictions budgétaires». L’ampleur de ces suppressions de postes est «tout simplement inédite» depuis quinze ans, pointe-t-elle. La gauche conteste aussi cette mesure, à l’image du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui y voit une «organisation de l’ignorance».
La ministre assure que «l’école reste la priorité de ce gouvernement»
«Avec la baisse de la démographie scolaire, il y aura en moyenne 21,4 élèves par classe dans nos écoles publiques à la rentrée 2025 : c’est le nombre d’élèves par classe le plus faible depuis que nous le mesurons», justifie de son côté Anne Genetet. Mais pour Elisabeth Allain-Moreno, les coupes annoncées vont provoquer «des effectifs dans les classes de nouveau réévalués à la hausse», «des profs toujours non remplacés», «des candidats encore moins nombreux aux concours», ou encore «des risques de démissions dues à des conditions d’enseignement déplorables».
Le budget prévoit, en revanche, la création de 2 000 postes d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) supplémentaires. Avec un solde négatif de quelque 2 000 postes, l’Education nationale fournit l’essentiel des suppressions d’emplois de fonctionnaires pour l’Etat et ses opérateurs (2 201 au total) dans le budget 2025 de l’Etat. Le budget de l’Education nationale pour 2025 s’élève à 63 milliards d’euros, globalement stable par rapport à celui adopté il y a un an pour 2024. La ministre assure que «l’école reste la priorité de ce gouvernement et le premier budget de la nation».
Baisse «très nette» des «atteintes à la laïcité»
Par ailleurs, dans la même interview, la ministre a annoncé une baisse «très nette» du nombre d’«atteintes à la laïcité» dans les établissements scolaires à la rentrée 2024, par comparaison avec l’année précédente. En septembre 2023, mois où était entrée en vigueur l’interdiction de l’abaya, «on recensait au total 838 faits d’atteintes à la laïcité dans les écoles, collèges et lycées. En septembre 2024, c’était 110 : la baisse est très nette», a-t-elle détaillé, alors que ce dimanche marque le premier anniversaire de l’assassinat du professeur de français Dominique Bernard à Arras.
La ministre, aux côtés d’autres membres du gouvernement, participera dimanche dans cette ville à une cérémonie en hommage à l’enseignant tué de plusieurs coups de couteau par un ancien élève, fiché pour radicalisation islamiste.
Même si la «laïcité est menacée» et a «des ennemis», la ministre se félicite que «la formation aux enjeux de la laïcité […] se déploie de plus en plus : sur la seule année scolaire 2023-2024, ce sont 267 000 agents du ministère qui ont été formés». Elle souhaite aussi «augmenter le volume d’heures consacrées à la laïcité et aux valeurs de la République (36 heures aujourd’hui)» dans la formation initiale des professeurs en assurant que c’est «une demande du terrain».