Le 12 mars dernier, une étudiante juive était refoulée à l’entrée d’une conférence sur la Palestine, organisée dans un amphithéâtre de Sciences-Po à Paris. Selon plusieurs témoignages, elle aurait été traitée de «sale sioniste» alors que la salle était occupée par quelque 300 militants pro-palestiniens. Un évènement marquant le point de départ de blocages de l’établissement par certains étudiants pro-palestiniens et d’une polémique grimpant jusqu’au sommet de l’Etat.
Ce jeudi 23 mai, l’administrateur de Sciences-Po Jean Bassères a livré au Parisien les conclusions d’une enquête diligentée par l’administration de l’établissement, et confiée à sa Cellule d’enquêtes internes préalable (CEIP). Selon Jean Bassères, «une quarantaine d’auditions» ont été menées par la CEIP avant qu’elle ne lui rende «un rapport approfondi [dans lequel] elle recommande de saisir la section disciplinaire pour huit étudiants». Ce qu’il indique avoir fait.
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Dans le détail, les enquêteurs reprochent aux huit étudiants d’avoir «occupé illégalement» l’amphi Boutmy, puis «mis en place un blocage filtrant l’accès». «Le rapport vise aussi des propos discriminatoires à l’égard de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) lors de cette conférence, explique l’administrateur de Sciences-Po. Il y a également un discours de clôture tenu par un étudiant mettant gravement en cause l’institution. Enfin, on a le cas d’un jeune ayant poursuivi un professeur jusqu’au métro pour lui demander de supprimer une photo prise devant l’amphithéâtre. Inacceptable».
Cette enquête interne confirme également la tenue de propos antisémites à l’encontre de l’étudiante juive refoulée de l’amphithéâtre. «Après les nombreux témoignages entendus, il y a une conviction : la phrase “Ne la laissez pas entrer, c’est une sioniste” a été prononcée - sous cette forme ou une autre», argue Jean Bassères. La cellule n’a pour autant pas pu identifier les auteurs pour les traduire devant la section disciplinaire.
Les huit étudiants ciblés par le rapport risquent «jusqu’à l’exclusion de l’enseignement supérieur durant cinq ans», précise l’administrateur de Sciences-Po, qui indique par ailleurs que douze procédures sont en cours pour des faits d’antisémitisme, menées par la CEIP.